tatarazi

Monday, July 31, 2006

Le dimanche 30 juillet 2006 (suite)

Peu de mots peuvent exprimer l’horreur et le désarroi face à cet abominable carnage. Seul le silence et la médiation peuvent momentanément calmer les esprits mais on ne peut pas oublier cela.

Les rues étaient désertes dans les alentours. J’imagine que tout le monde est terré chez soi pour mieux comprendre ce qui c’était réellement passé et surtout face à la réaction des gens rassemblés face au bâtiment de l’ESCWA.
Cette Organisation des Nations Unies (ONU), qui a vu le jour dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour remplacer la faible Société des Nations (SDN) qui a également vu le jour après la fin de la Première Guerre Mondiale, se retrouve à mon humble avis dans une faiblesse désarmante. Cette soit disant honorable institution qu’est l’ONU est devenue la marionnette de quelques Grands de ce monde qui ne sont plus du tout si grands que cela.
Toujours des paroles ou plutôt des palabres insipides et sans aucune efficacité. Et s’il y a résolutions combien y en a t-elles qui ont été appliquées à la lettre?


L’après-midi, je reçois la visite d’un journaliste d’une revue allemande qui était venu deux jours plus tôt avec cet ami avocat. Marc tenait à m’interviewer pour son reportage concernant la vision de la jeunesse libanaise sur le Liban. Je ne vais pas retranscrire toute l’interview qui a duré 2 heures mais quelques passages.
Etant donné que notre famille est depuis plus de 140 ans dans le domaine de la décoration orientale, le journaliste a tenu à connaître sa chronologie à travers les diverses époques, générations et implantations dans les diverses villes du Moyen-Orient (Beyrouth, Damas, Jérusalem, Le Caire, Alexandrie, Rabat et Casablanca). Après m’avoir cerné dans mon contexte familial, les questions se concentrent sur mes études universitaires, mon intégration et fonctions dans l’entreprise familiale, et sur quelques souvenirs d’enfance sur la période de la 1ère guerre civile libanaise.

« Pourquoi habitez-vous dans cette région et depuis quand ? »
«C’est aux alentours de 1982-1983, que nous sommes venus ici depuis qu’une bombe est tombée dans le parking de notre immeuble à Beyrouth dont on s’est enfuis par les balcons. Depuis ce jour-là, ma famille à préféré vivre loin de la ville. Un mauvais souvenir tout simplement. »

« Pouvez vous me dire en quel mois exactement cela s’est-il passé ? Pourriez-vous le demander à vos parents ? »
« Etant donné que vous m’interviewez et non mes parents, je ne me suis pas attaché à connaître la date exacte de cet événement. Car tout le monde s’en est sorti indemne. Grâce à Dieu. Cela n’aurait pas été le cas si quelqu’un de proche ait été touché ou tué. Ce qui est normal. Je pense à tous ceux qui ont tout perdu comme être cher ou comme bien. Ce n’est pas du tout facile. »

« Comment voyez vous le Liban ? Un Liban chrétien ou comme il est actuellement ? »
« Depuis des siècles, le Liban a toujours été le carrefour de toutes les civilisations, cultures et religions. Il est de par nature multiple. Il ne peut pas appartenir à une seule entité. C’est cela la richesse du Liban tant envié par ses voisins géographiques, régionaux ou mondiaux. »

« Ce n’est pas la même vision que j’ai recueilli d’un autre libanais. Qu’est ce que vous en dites ? »
« La richesse du Liban est par la multiplicité de ses croyances, cultures et avis. Je respecte l’avis de cette personne. Sans vouloir être naïf, je suis convaincu, qu’une fois autour d’une même table, avec d’autres personnes ayant d’autres avis (que le mien et le sien), que tout le monde sera d’accord pour quelque chose d’objectif et de constructif pour le Liban. »

« Si jamais vous devez quitter le pays, le feriez-vous ? Vendriez-vous votre entreprise familiale ? »
« Comme dit le cher Ghassan Tuéni, « Le Liban n’est pas un hôtel. Ce n’est pas lorsqu’il y a un problème qu’il faut le laisser et revenir lorsque tout va bien ». Il est de notre devoir d’espérer et de croire en son pays pour le sauver à notre manière des maintes agressions qu’il reçoit. Lorsque vous me demandez de vendre ou fermer l’entreprise familiale, c’est comme si vous abattez un arbre centenaire. Or cet arbre centenaire, tout comme l’entreprise, devrait être préservé afin être légué aux générations futures »

Bref, on verra bien ce qu’il en sortira de cette interview qui sera rédigée en allemand. Il va falloir trouver un allemand pour me traduire ce qui sera écrit… « Confidence is good but control is better » comme me le répète mon père.

Tard le soir, on apprend que le cessez-le-feu aura lieu pour 48 heures. Mais cela n’empêche pas les avions de tournoyer au-dessus de notre tête. Ce jeu de mots et de promesses ne fait devenir des jeux de maux qui n’en finissent pas.

Sunday, July 30, 2006

Le dimanche 30 juillet 2006

Je m’attendais à une journée habituelle au niveau des nouvelles. Mais cette fois le pire est arrivé. Comme si 10 ans plus tôt, cela n’avait pas suffit. Le village de Cana, au sud du Liban, se retrouve une fois de plus sous les feux de l’actualité avec l’infâme barbarie qui s’est abattu sur lui avec le carnage d’une cinquantaine de civils dont la moitié étaient des enfants. Où allons nous dans ce cycle de violence sans fin ?
Par réaction, beaucoup de personnes se sont rendues au centre ville de Beyrouth pour manifester leur colère et désarroi devant le bâtiment de l’ESCWA. Certains ont pu y pénétrer pour le saccager. De justesse, l’ordre a été rétabli. Mais bon pour combien de temps ?
Eh oui pour combien de temps le Liban doit-il encore souffrir de ces abominations ? Et puis quoi encore ? Toujours scotchés à la télévision locale ou internationale, on essaye d’en savoir plus. Mais que pouvons nous faire ? Comment pouvons nous réagir face 1a cela ?

Le samedi 29 juillet 2006

Rien à dire sur cette journée qui finit par ressembler aux autres. Et pour combien de temps cette folie humaine continuera t-elle ?
Sans oublier également cette nappe de fioul qui longe la côte libanaise pour bientôt atteindre les pays voisins et voire toutes les cotes de la Méditerranée ?
Et puis quoi encore pour atteindre à un cessez-le-feu ?

Le vendredi 28 juillet 2006


Vu le risque futur de rationnement d’essence, je descends à Beyrouth avec divers membres de la famille en une voiture. Voilà plus de 2 semaines que je n’ai pas circulé à Achrafiyeh et au centre ville. J’arrive aux alentours de 13 heures, heure où tout commence à se calmer.
Je fais un tour au centre commercial ABC qui avait 95% des boutiques ouvertes. Celles qui étaient fermées avaient vidées leurs vitrines par mesure de précaution. Quelques passants marchant nonchalamment, d’autres plus affairés. Une ambiance mitigée entre angoisse et insouciance y régnait. Le caissier paraissait ailleurs par le fait de n’avoir pas pu rendre la monnaie convenablement ou même remplir le sac des produits achetés. Quelques restaurants étaient pleins et d’autres déserts.
Dans le quartier Sofil, toutes les bijouteries avaient vidées leurs vitrines et étaient fermées. La circulation était fluide à tel point que le silence prenait le dessus du bruit de la circulation. Les chantiers de démolition, de peinture ou de construction étaient immobiles fautes d’ouvriers ayant pour la plupart fuis mais surtout à cause de cet avenir de plus en plus inconnu et fragile.

Seule les affiches publicitaires de la Banque Audi, laissent un baume au cœur avec son slogan plein d’espérance : « Quelque soit les nuages qui s’amoncellent, le soleil reviendra au Liban ».

Vers l’après-midi, je reçois la visite d’un ami de passage, qui me raconte que l’accord de Taëf, toujours pas appliqué pour le Liban, a été une source de base pour rédiger les accords entre irlandais et britanniques. Un accord qui s’est avéré plus efficace pour les autres que pour notre pays ? Si cela avait été fait en son temps au Liban, j’imagine qu’on n’en serait pas arrivé jusque là.

Le jeudi 27 juillet 2006

La journée suit son cours « normalement » entre la suite du demi travail dans notre atelier et la visite d’une potentielle cliente réfugiée par la force des choses à l’hôtel Printania.
La vie sédentaire se fait ressentir lourdement même si on s’occupe des tâches de rangement et de passes temps futiles. Mais depuis que j’ai commencé à écrire pour ce blog, je reste à l’affût de tout détail dérisoire ou presque incongru qui aurait bouleversé la vie quotidienne afin de le mentionner.
Mais ce qui me désole comme tout le monde, c’est la propagation de la nappe de fioul (15.000 tonnes) qui pollue actuellement les côtes libanaises de manière dévastatrice. Cela est la résultante de l’attaque israélienne sur la centrale électrique et ses réservoirs à Jiyeh. La voilà qu’elle longe les côtes de Beyrouth pour se diriger vers le nord.
Je me porte volontaire de collecter ces déchets, mais avec cette situation d’insécurité que pouvons nous faire ? Attendre la fin des hostilités. C’est bien dommage…
Comme si les victimes et blessés innocents, les milliers de déplacés, réfugiés et évacués, les immeubles d’habitation, usines, ponts et pylônes effondrés, et tout ce qui entraîne par la suite, ne suffisent-ils pas ?

Une soirée improvisée réunissant des amis de ma soeur autour de quelques plats libanais sur la terrasse se trouve agrémentée par divers témoignages de la nouvelle vie quotidienne, des souvenirs d’enfance avec quelques anecdotes. On ne sentait pas le temps passer.
Mais ce moment d’insouciance est brusquement interrompu par un bruit qui m’était tout à fait nouveau. J’avais l’impression que c’était un O.V.N.I. bien que je ne le voyais pas. Une sorte de moteur de machine électronique. Il s’agissait effectivement d’un drone qui nous survolait si lentement. Le bruit aurait duré près de 10 minutes. Je trouvait cela impressionnant même si pour certains c’était du déjà entendu.
La soirée continue malgré tout avec des jeux de sociétés. Cette fois, on est interrompus par … une inoffensive souris grise qui a surgi de nulle part. Par nos divers cris, apeurée, la souris se faufile au dessus de notre tête sur la pergola…

Thursday, July 27, 2006

Le mercredi 26 juillet 2006

Je reçois le matin un email du Canada qui m’a changé les idées juste pour rire :
El hakk 3al télién (qui veut dire en arabe « C'est la faute aux italiens »)
- En 1982, l'Italie gagne le Mondial et Israël envahit le Liban.
- En 2006, l'Italie gagne le Mondial et Israël envahit le Liban.
La prochaine fois que l'Italie gagne le Mondial, tous aux abris !!!


Le plus drôle c’est de l’avoir reçu le jour même où devait avoir lieue la conférence de Rome. Tout le monde paraissait sceptique à une réussite de cette conférence vu l’obstination de certains membres de vouloir continuer l’offensive armée.
Va t’on me dire que c’était la faute aux italiens encore ?

Franchement comme si continuer à pratiquer de part et d’autre la violence mènera à quelque chose. Selon Friedrich Halker, «La violence prétend être la solution d'un problème. C'est elle qui est un problème. » Les grands de ce monde ne se rendent-ils pas compte de cela ?

Je reçois un coup de fil d’une amie d’enfance qui s’avérait être en France mais au fait elle trouvait comme par hasard en vacances au Liban. Archéologue et restauratrice de profession, elle se retrouve acculée à faire des fouilles dans sa chambre et restaurer les meubles ou objets de sa maison. Dire, qu’avec ces événements, on finit par faire ce qu’on envisage toujours de le faire lorsqu’on a du temps libre. Au moins il y a quelque chose de positif dans tout cela…

Voilà plus de deux semaines exactement que l’on se trouve dans la même situation de guerre, d’angoisse et de peur du lendemain. C’est malheureusement devenu une sorte d’habitude. Mais par cette habitude, on est acculé à trouver de nouvelles occupations ou façon de travailler pour pouvoir vivre ou survivre. Je le remarque avec l’ouverture courageuse de diverses boutiques (Aïzone, Carissima, etc…) au sein de l’hôtel Printania ou dans les alentours du village. Egalement j’apprends l’ouverture prochaine de divers restaurants, lounges ou boites de nuits beyrouthins dans diverses régions montagneuses. C’est certes encourageant et un moyen de survie. Survie pour les propriétaires et leur employés qui veulent continuer à assurer leur vie pécuniaire et une sorte de bouffée d’oxygène pour ceux qui ont envie (même si le cœur et l’esprit n’y sont pas) de se changer les idées pour quelques heures.

C’est en rentrant le soir, vers 23 heures, que je longe une rue bondée de voitures devant des pubs et restaurants qui débordaient de gens. Cela me paraissait insolite. Mais la plupart de ces personnes avaient leurs eux rivés vers le ciel. C’est alors que je me rendais compte, qu’en ce même moment, les avions israéliens nous survolaient lugubrement…

Wednesday, July 26, 2006

Le mardi 25 juillet 2006

Depuis hier, la situation semble moins alarmante. C’est le sud qui est sous le feu des batailles entre les belligérants. Les efforts diplomatiques se font de part d’autres dans le monde.
Ce que je ne comprends pas réellement, pourquoi y a-t-il autant d’évacuation d’étrangers ? Cela fait plus d’une semaine que les français, américains, britanniques, australiens, et autres quittent le territoire. Sommes-nous les futurs cobayes d’une guerre sans fin ? Sommes-nous plus intelligents de rester afin d’éviter la galère d’exilés provisoires ? Plus on se pose des questions, plus on a des doutes. Finalement, vaut mieux ne pas y penser.
Je ne comprends pas également la position des américains d’assurer un couloir humanitaire…. mais paradoxalement la poursuite des combats. Or, c’est comme si on remplissait un vase d’eau dont le fond est troué.
Combien de temps cela va durer ?
Et voilà que l’Arabie Saoudite fait un don de 1 milliard de Dollars alors que les hostilités ne sont pas terminées. C’est franchement gentil ça. Mais, j’appréhende que le Liban finira par être son vassal. C’est juste une idée ; ce n’est pas pour être ingrat que j’y pense.

On reçoit la visite de Tony, le conducteur de taxi jaune faisant la navette entre Beyrouth et Damas. Toujours flegmatique, il assurait que le trajet n’a pas changé mis à part que les routes sont désertes et que les gardes-frontières facilitent le laissez-passer. Par contre le tarif s’est brusquement élevé de 20 $ par personne à 100 $. Parait-il d’autres conducteurs plus scrupuleux n’hésitent pas à renchérir et demander 1.200 $ pour le trajet !!!

Le survol nocturne des avions se fait lugubrement entendre. L’appétit est coupé et la stimulation de jouer un jeu de société en famille disparaît. Malgré tout, cela ne nous a pas empêché de le faire….

Le lundi 24 juillet 2006

La semaine commence à prendre le pli d’une vie moins sédentaire. La moitié de nos employés sont revenus travailler. C’est encourageant d’autant que cela vienne d’eux même car on ne peut pas prendre le risque de les obliger à venir en ces conditions instables.
Ce jour-là on était acculé à descendre mes parents et moi à Beyrouth pour assister aux funérailles d’une parente… pour plus de précision généalogique, il s’agit de l’épouse du cousin germain de mon arrière grand-père !!! Bon, elle n’est pas si âgée que ça. C’est à cause de deux décalages de génération et elle est décédée à la suite de graves et chronique problèmes de santé. Que Dieu ait son âme !!
Je ne m’attendais pas à voir autant de monde en l’église de Saint Dimitri en cette période de guerre. Une fois la cérémonie achevée, les présentations des condoléances se sont fait rapidement. Cela témoigne du fait que les gens n’aiment plus traîner et préfèrent rentrer chez eux au plus tôt.

En ce même moment, j’apprends par un coup de fil que des tracts ont été retrouvés à Broumana et ses environs. Cette information provenait de deux sources différentes. Sources qui n’avaient pas en possession de ledit tract. Je suppose qu’il s’agit de canular pour le moment. Mais j’ai dû en parler à d’autres personnes pour en savoir plus. Le comble c’est qu’ils n’en savaient pas autant que moi que j’ai leur communiqué un sentiment de panique. Et j’en devenais encore plus paniqué !!!

Comme d’autres membres de la famille, j’ai vidé mon armoire de vêtements inutilisés que j’ai fait envoyer aux réfugiés logés chez les Sœurs de Besançon. D’après la mère supérieure, la plupart des enfants réfugiés ont quitté leur maison avec fracas sans avoir eu le temps de porter leur chaussures et chaussettes. Impensable au XXIe siècle.
A quelle époque vit-on ?

Le dimanche 23 juillet 2006

C’est à la dernière minute, que l’on est convié à un déjeuner improvisé chez des voisins. Comme je m’y attendait les discussions se portaient sur la situation actuelle et surtout, ce que j’appréhende le plus, les personnes qui donnent leurs prévisions sur la tournure possible de la fin des hostilités.
Mis à part cela, je tombe sur deux personnes de ma génération qui me reconnaissent. Eberlué, je me demandais si Alzheimer n’avait pas passé par moi du fait que je ne les aie pas reconnus. Mais c’est avec des investigations sur notre passé (école, maison, amis…) que je fini par retrouver le filon et leur vague souvenir. Ils se trouvaient avec moi au Collège de Notre-Dame de Nazareth, dans le même autobus et habitaient dans le même quartier. Cela remonte avant et aux alentours de 1982. Date de l’invasion israélienne. Il a donc fallu une deuxièmement invasion pour que je puisse les retrouver dans les mêmes circonstances qui nous avait séparées. Drôle de hasard….
La vue de chez les hôtes était imprenable. On voit en face le col de Dahr el Baidar avec les collines de Hammana, Dhour-el-Chwer ainsi que celle de Sofar et Bhamdoun. En contemplant cette belle vue, j’appréhendais d’être témoin d’une attaque sur site, ou un pont ou un pylône…

J’apprends par des amis résidants ou réfugiés en Syrie que, hormis les hôtels qui sont pleins, les écoles et les appartements meublés sont littéralement occupés par les nouveaux réfugiés libanais. Qui aurait dit ?
On me rapporte aussi que de nombreux dîners mondains et mariages ont été annulés. Naïvement, je croyais que c’était par solidarité « arabe » (comme c’est à la mode). En fin de compte, c’est parce que toutes les commandes sont faites à partir du Liban en ce qui concerne les toilettes féminines, les robes de mariages de chez les grands couturiers libanais, ainsi que les décorations florales, les traiteurs haut de gamme, etc.…

Le samedi 22 juillet 2006

A part le rituel matinal, on a eu droit à la visite de nos fournisseurs venus de Tripoli avec une lanterne orientale que l’on a stockée dans le garage de notre maison avec d’autres lanternes. Cette marchandise est destinée à nos clients. Elle est condamnée à y rester jusqu’au jour il sera possible de les envoyer. Mais comment cela s’effectuera le transport avec tous ces ponts détruits dont celui de Mdeirej qui à été pilonné la veille ? Toutes les infrastructures ont été détruites. Et pour les réparer combien de temps faudra t-il pour normaliser le trafic et rendre les routes praticables, même provisoirement ?
Nos fournisseurs ont été également obligés de chercher leurs ustensiles de gravure pour faire quelques retouches sur les lampes. Les voilà qu’ils travaillent pour 2 heures de temps dans notre garage. Cela m’a rappelé au temps de la 1ère guerre où mon grand-père faisait travailler ses employés dans un appartement transformé en atelier de peinture.

En cette période et du fait de ne pas pouvoir se déplacer, on finit par revoir et recevoir ses voisins que l’on a plus vus depuis un certain temps. Et même faire des choses que l’on avait pas le temps d’effectuer. Ma sœur me propose de faire une randonnée dans les environs de la maison. Cela m’a également ramené en arrière en passant devant les villas qui étaient totalement occupées par leurs propriétaires. Chose que je n’avais pas vu depuis la première guerre à l’époque où hôtel Shalimar était plein à craquer. J'espère que par ces durs moments, les gens forcés à estiver dans cet environnement puissent reconsidérer de revenir les étés suivants à la montagne afin de donner vie à cette région qui se délaissait de plus en plus.

Ce soir là, je retrouve d’autres amis à dîner dans un restaurant italien. Egalement, on entre dans une autre ambiance. Nos discussions étaient portés sur ce qui arrive dans notre pays et de la volonté de faire quelque chose pour les réfugiés afin de les réconforter. Mais on était constamment interrompus par deux troubadours qui faisaient retourner Sinatra, Brassens dans leur tombe avec leur fatiguant tintamarre !!! Mais j’étais également gêné du fait qu’ils mettaient de l’ambiance malgré ce qui se passe au Sud. Impensable inconscience ou moyen de survivre ?

Le vendredi 21 juillet 2006

Journée tranquille à downloader tous les files de mon laptop sur des CD. Mais cette fois c’est au tour de ma mère de descendre à Beyrouth. On reste sur nos nefs jusqu’à son retour.
Entre-temps, j’apprends qu’une bonne amie ayant la double nationalité a eu à la dernière minute, l’opportunité être évacuée avec les ressortissants et acheminée vers Chypre. Je me demande dans quelles conditions ont-elles été faites ?
En ces moments là on finit par se demander si l’on fait bien de rester ou de quitter. Mais quitter vers quel pays ? C’est vrai que l’on peut se rendre à Damas ou en France ou nous avons quelques parents. Mais cela ne nous empêchera pas être plus sereins. On sera plus anxieux et nerveux pour capter toutes les informations à chaque instant. Mais le fait de penser qu’il y a d’autres personnes comme nous qui ont le même cas et qui se trouvent toujours au Liban, nous encourage à rester…
Mais combien de temps serons-nous otages de notre pays à cause de soi-disant deux otages ??

Je reçois la proposition d’aller dîner avec ma sœur et 2 amis au restaurant le Gargotier. Je n’étais pas du tout stimulé de le faire dans les conditions que l’on vit. Mais une fois le pas franchi à l’intérieur de ce restaurant et avec le monde qui y était présent, j’avais l’impression d’avoir traversé une autre époque. Comme si on était à la période estivale de l’après première guerre, au temps où Broummana jouissait de sa gloire car Aley et les autres régions étaient encore en état de désolation Les tables étaient continuellement prises. On retrouvait quelques amis qu’on avait perdus de vue depuis Mathusalem !! Durant tout le dîner on était en quelque sorte déconnecté de la réalité, des informations en continu, des soucis…
Cela fait du bien mais paradoxalement on avait continuellement une pensée à ceux qui étaient démunis, ou réfugiés ou séparés de leur famille.
Même en ces périodes, le Liban vit dans ses contrastes.

Le jeudi 20 juillet 2006

Retour au train train quotidien du zapping et des journaux. Mais on reste serein.
Ce jour là, je décide de faire un tour dans les environs. Les rues et trottoirs sont animés plus qu’à l’accoutumée. Le trafic est parfois lent à certains carrefours. Je passe à la boutique familiale qui est ouverte pour l’inventaire des objets décoratifs. Ça tombe bien en ces moments où l’on compte malheureusement les victimes et les ponts qui s’écroulent.
Je me décide de redescendre à Beyrouth avec Ziad pour … le laptop. La route identique à celle prise hier était différente à mes yeux car nos nerfs étaient plus sereins. Je en sais pourquoi. Cette fois, je me suis plus attardé chez le technicien qui n’arrivait pas déceler le problème dans ce fameux laptop. Il finira par me donner une adresse à Bsalim.
Pour y arriver, il fallait prendre l’autoroute de Dora en périphérie d’une usine de stockage de gaz et de fuel, côtoyer des camions citernes ou poids lourds toujours cibles préférées des avions israéliens. Et durant cette traversée, la parano revenait avec la hantise d’être au mauvais moment fatidique.
On arrive finalement à Bsalim où j’effectue les réparations sur place de le dit laptop. Cette boutique se trouvait dans un centre commercial et d’habitations dans lesquelles on retrouvait les réfugiés du sud accoudés aux bords des balcons.
Une fois le laptop réparé, on continue la route vers Broumana. Sur les hauteurs de notre route, je voyais des cuirassés de guerre (américains ?) qui longeaient la côte de Dora et de Dbayé. Impressionnant à voir. On se croirait dans un film de guerre.
Au fur et à mesure que l’on montait, on voyait la centrale électrique de Bsalim qui s’approchait devant nous et on appréhendait toute frappe israélienne. Car elle en fut victime quelques années plus tôt…

Avant de rentrer chez moi, je fais le plein par mesure de précaution. En temps normal je ne l’aurai jamais fait. Remplir le réservoir jusqu’à la lie pour 9.000 LL !!!

Le mercredi 19 juillet 2006

Réveil- Zapping- Toilette- Zapping- Petit-déjeuner- Zapping
On devient continuellement des accros d’informations en continu que cela devient maladif !!!
Mais cette fois, mon père reçoit un coup de fil, d’un ami qui nous alertait que ce soir sera une nuit difficile et qu’il valait mieux éteindre les lumières à partir de 22 heures. Cela m’a glacé le sang. D’autant plus je devais me rendre à Beyrouth pour récupérer mon laptop qui était en réparation.
Je me suis obstiné à descendre avec Ziad qui conduisait à ma place. Tout au long de la route, je voyais de la circulation à pied, de voitures, comme si de rien était. Même l’agent de circulation contrôlait le flux des voitures. Quelques boutiques étaient ouvertes, d’autres fermées. Bizarre… moi qui croyais que tout le monde étais cloîtré chez soi.

J’arrive finalement chez Olivetti 460. Le parking était quasiment plein. Les employés étaient présents comme à leur habitude, mais cas exceptionnel, ils y restent jusqu’à 14h.
Le temps de vérifier la bonne marche du laptop après réparation et l’installation d’un programme dans un autre laptop. Le temps paraissait long et stressant. Même l’employé angoissait et paraissait dans la lune.
Soudain, j’entends quelque chose de lourd. Comme si c’était des cartons qui étaient déchargés d’un camion. Je n’y ai pas vraiment prêté attention. Mais un sentiment d’angoisse s’élevait de plus en plus face à la lenteur de l’installation du programme.
Dès que je reçois un appel de Ziad qui m’attendait dehors, je commence à paniquer. Je règle presto illico et prend les 2 laptops pour m’embarquer en voiture qui a démarré en trombe.
J’apprends que le bruit en question était dû à des tirs israéliens sur Achrafieh. C’est alors que notre voiture file à tombeau ouvert entre les voitures dont on se demandait pourquoi n’étaient-elles pas plus rapides que nous ? Sommes-nous excessivement et maladivement paniqués ? Je n’en savais rien au moment même…
On évitait autant que possible les malheureux camions, citernes, et poids lourds cibles préférées de l’aviation.
C’est exactement en heure de temps qu’on a effectué ce périple qui me paraissait avoir duré plus que ça. La tête et les pieds étaient fatigués par cet excès de stress.
Les déflagrations d’Achrafieh n’ont pas fait de dégâts matériels aux alentours. Aucune vitre cassée, même le bruit était presque imperceptible…. Bizarre comme technologie de pointe.

Une fois chez moi, je me rends compte que l’installation du programme pour le laptop, s’est avérée un fiasco. Donc je devrai me contenter de cela ou me débrouiller à redescendre. Je préfère ne pas y penser….

Le mardi 18 juillet 2006

Ce jour-là, notre tapissier habituel voulait nous envoyer des matelas en tissu haut de gamme pour quatre canapés qu’il avait réalisé pour nos clients. Comme il n’avait plus de place chez lui pour travailler et qu’il craignait être obligé de les utiliser de force comme matelas pour les réfugiés, il a fait appel à notre employé pour venir les chercher. Même durant le chargement de la van, les voisins du quartier leur demandait si jamais était pour les réfugiés et où …
C’est dans notre atelier de travail désert que ces fameux matelas ont été déchargés. Nous voilà avec des travaux de décoration en suspens pour nos clients. Seront-ils motivés de continuer le travail ou d’interrompre ? Combien de temps cette situation va t'elle durer ? Nous préférons ne pas obliger les employés de venir, ni même de ne pas venir, jusqu’à ce que les événements soient plus clairs. Mais encore pour combien de temps ?

Le soir, les enfants du voisinage s’amusaient à jouer aux pétards et feux d’artifice pour les préparatifs de la fête de Saint-Elie. Comme si les raids et les bombardements ne suffisaient-ils pas ? Où sont leurs parents si flegmatiques pour les empêcher de nous agacer avec ces bruits si explosifs !!

Le lundi 17 juillet 2006

La journée se ressemble comme celles qui nous précèdent. Zapping à la télévision et lecture des journaux. Parfois je fais appel à des amis pour savoir s’ils ont des infos sur des voyants pouvant analyser et prévoir la fin de cette guerre. Il y a aussi ce fameux voyant Michel Hayek ; combien je serai tranquille de savoir s’il est toujours au Liban. Mais je n’ai aucune source. S’il est là, cela veut dire que la fin est proche et que tout ira bien et que la fin est proche sinon… c’est le cataclysme (pas autant que ça, mais enfin…) Je n’en suis pas à ce point attaché à ce genre de chose, mais à force de n’avoir pas grand-chose à faire, on s’amuse à trouver d’autres occupations de l’esprit.

Comme ma grand-mère ne peut pas se déplacer si facilement, on reçoit continuellement de la visite de parents ou amis. Cela permet d’avoir divers échos superficiels ou perspicaces sur la situation (même sans consultations des protagonistes) et potins pour se changer les idées.

Le soir, je continue à répondre aux divers mails reçus d’amis de l’étranger dont certains étaient de passage quelques jours plus tôt. Ci-joint un passage : « Tu te rappelles à la plage Bamboo Bay, tu me demandais à propos d'un bâtiment d’usine qui se trouvait sur la côte non loin de la plage. Je ne savais pas exactement. Ce n'est qu'avant hier que j'ai su. Il s'agit en fait d'une centrale électrique. Ou plutôt il…. s'agissait d'une centrale électrique qui vient de brûler avec ses réservoirs de fuel. Toute cette zone sur laquelle on a passé d'agréables moments est sinistrée. Même la route qu'on a prise pour y arriver, est désormais impraticable avec les ponts effondrés dessus et les crevasses béantes. C’est d’une désolation !!»

Tuesday, July 25, 2006

Le dimanche 16 juillet 2006

Le lendemain, en ces jours-ci, se ressemble à tel point qu’on ne sait plus quel jour nous sommes. Comme tout le monde, je me lève et j’allume la télévision pour vérifier les nouvelles en sous-titré tout en espérant que la situation était plus calme. Malheureusement, c’est tout le contraire. C’est toujours la banlieue sud de Beyrouth Dahié (qui veut dire comme par hasard Banlieue en arabe) qui est souvent pilonnée.

Ma sœur et son ami m’encouragent à sortir avec eux faire un tour dans le village et ses environs. La place grouillait de monde. Certains se promènent, d’autres plus prévoyant font la file pour faire le plein… On s’est rendu chez le glacier du village chez qui je ne suis plus allé depuis plus de 10 ans !! C’est là que je retrouve quelques amis que je n’avais pas le temps de voir habituellement.
Puis on se rend à l’hôtel Printania où ça grouillait de monde. Du jamais vu depuis le temps de la 1ere guerre libanaise. Ça faisait plaisir de voir autant de monde mettre de la vie à cette terrasse boisée mais paradoxalement on sentait l’anxiété, la tristesse et la rage. Au moment où on arrive, la plupart des gens étaient debout face au grand écran télévisé en train d’entendre le discours du Sheikh Hassan Nasrallah. Beaucoup écoutaient avec anxiété et espoir d’un cessez-le-feu. Mais rien à faire. Personne ne peut faire grand-chose. On est témoin de l’histoire qui se déroule sous nos yeux et à notre insu.
On reste un moment à bavarder avec quelques amies. L’une est venue se réfugier à hôtel avec ses parents et qui est sur le point de péter des câbles, l’autre plus sereine est venue loger à son insu chez sa famille dans le village. Avec toute cette animation, je me sentais plus à l’aise de rentrer chez moi.

On reçoit la visite d’un ami à mon frère, venu récupérer 2 matelas pour sa maison qu’il vient de trouver à la hâte. Ça valait la peine de prendre en photo la Porsche Cayenne toute luisante et clinquante avec 2 matelas fleuris transportés sur son toit !!! La classe !!
Quelle désolation d’en être arrivé à cette étape avec le flux de monde fuyant Beyrouth (surtout Beyrouth ouest) à cause des bruits intensifs des bombardement sur la banlieue sud de Beyrouth et des fumées qui en échappent.

Le samedi 15 juillet 2006

Quelques jours plus tôt, j’étais l’intermédiaire entre un acheteur londonien et un vendeur libanais pour la vente d’un lot de cartes postales. L’acheteur fait la transaction bancaire au Liban. Tandis que le lot se trouve en ma possession ou plutôt prisonnier de la situation. Le vendeur me téléphone pour me confirmer que la compagnie Aramex reste toujours opérationnelle malgré la situation. Eberlué, je me pose la question comment pourrait-elle fonctionner après le blocus aérien et maritime imposé aux libanais. Peut-être par voie de route ? C’est tellement risqué…
Le transfert aura besoin de deux jours de plus, le coût du transfert a renchéri et l’assurance de guerre est beaucoup plus onéreuse.
L’acheteur anglais préfère attendre que les choses se calment pour un envoi plus sûr. Tandis que moi-même je me sens tiraillé entre attendre ou envoyer le lot quelque soit le risque.

On reçoit la visite d’une parente qui était invitée à déjeuner à Dlepta. (Oui aussi loin !!) Puis je contacte un ami, propriétaire d’une boutique de fleurs, qui se trouvait dans la région de Harissa pour la décoration florale d’un mariage. Tiens, ça fait bizarre dans l’absolu avec ce qui se passe. Mais quel choix pouvait-ils faire les mariés puisque tout était prêt ?
Il y avait également un autre mariage à Achrafieh qui ne pouvait être reporté. Car certains invités venus du Canada étaient coincés et le mariage devait avoir lieu quoiqu’il en soit. La cérémonie et le dîner furent organisés au son des bombardements au loin.
Drôle de vie… Je me demande même s’il n’y avait pas des sourires figés et crispés dans les photos…
Durant ce temps, je surfe sur Internet pour répondre aux divers emails reçus de l’étranger pour s’enquérir de notre santé. Les téléphones et cellulaires ne cessent pas de sonner, sans oublier les sms. Cela nous fait plaisir de se sentir qu’on existe aux yeux de nos sincères amis et parents pendant que toute une communauté internationale reste hypocrite et indécise sur la position à adopter pour mettre fin aux barbaries gratuites qui sévissent sur notre pays…
Heureusement que je ne me suis pas abonné au sms du al- Nahar afin de recevoir toutes les informations en continu. J’ai une amie qui regrette de l’avoir fait. Ça la stresse et la harcèle continuellement.

La nuit se termine par un zapping rapide sur toutes les chaînes télévisées à la recherche de récentes informations. Ensuite, on espère que la nuit soit plus calme.
Etant donné que je porte des prothèses auditives aux 2 oreilles, la nuit me semble très calme car je n’entends rien du tout. Mais il m’arrive d’avoir des hallucinations auditives qui me stressent d’avantage. Par contre les autres membres de la famille, eux, entendent tout même les lugubres survols aériens nocturnes.

Le vendredi 14 juillet 2006

En France les chars militaires et les troupes armées défilent au long des Champs Elysees pour célébrer leur fête nationale, tandis que chez nous au Liban, ceux de nos belligérants qui s’acharnent entre eux sauvagement sont en pleine action destructrice.
Nos employés résidents à Beyrouth étaient priés de rester chez eux et de ne pas se déplacer. D’autres plus irréductibles se sont rendus à l’atelier pour faire leur travail. Moi-même je n’avais pas la tête pour me concentrer au travail que je les ai laissés faire, tout en leur conseillant de ne pas s’attarder.

Pendant ce temps, la place du village avait changé d’ambiance. Au lieu être calme comme elle l’était depuis si longtemps, il y avait un flux incroyable de voitures, de bus, de van, de minibus etc.…
L’agent de circulation me regarde avec un grand sourire « J’ai eu le vertige !! Je n’arrive pas à contrôler toutes ces voitures !!! ». Je lui propose de se mettre de coté et de les compter.
Depuis que la route internationale de Beyrouth- Damas était pilonnée, elle était devenue impraticable et risquée. C’est alors que tous ceux qui fuyaient le Sud et Beyrouth pour se rendre en Syrie ou Jordanie prenaient la route de Tarchiche menant vers Zahleh ou celle de Tripoli.
Du jamais vu. Un exode si intense de véhicules immatriculés de Jordanie, pays du Golfe, Irak (pauvres ceux là qui viennent d’un autre enfer), et de Syrie. Les personnes de tout genre, les libanais BCBG dans leur voiture clinquante, ou les nouveaux réfugiés du Sud avec tous leurs bagages, les touristes internationaux dans leur car qui découvrent de nouvelles régions du Liban (non prévu dans leur circuit touristique), les arabes du Golfe avec leur 4x4 qui n’ont pas eu le temps de déballer les bagages depuis leur arrivée au Liban.
La boulangerie, supermarchés pharmacies étaient pris d’assaut par tous ces gens qui passaient.
Tandis que le libraire était pris d’assaut par les habitants (permanents et nouveaux venus) qui s’approvisionnaient de revues, journaux, films vidéo et DVD en location afin d’assurer leurs journées calfeutrés chez eux pour combien de temps…

La mode des boutiques 1$ (One Dollar) était pour les bidons bleus et rouges pour stockage d’essence. Fini les drapeaux du Mondial 2006.

A la suite de cette journée, je ne me suis pas empêché d’écrire un article pour le courrier des lecteurs dans l’Orient-le-Jour qui sera publié le 18 juillet.

Tard le soir, mon frère vient passer la nuit chez nous après avoir fait quelques visites à des amis dans le coin et dîné dans un restaurant libanais. Dire, que certaines personnes s’angoissent à se calfeutrer dans leur maison et d’autres continuent de vivre comme s’il n’y avait rien du tout.

Le jeudi 13 juillet 2006

La journée se déroule apparemment normalement. Je passe à l’atelier où je vois les employés. Ceux qui habitent Beyrouth, ont mal dormi la nuit avec les sons intensifs des bombardements. Tous étaient en quelque sorte abasourdis par le cours de ces événements. Personne n’avait la tête à son travail. On espérait que ce soit une chose provisoire de quelques heures.
Nos rendez-vous ont été annulés en dernière minute à cause de ce qui était passé la veille. On avait même un rendez-vous chez le Ministre du Tourisme. Ca tombait vraiment à pic, car celui-ci devait bien se préoccuper de la situation qui commençait à s’aggraver et fragiliser l’industrie du tourisme qui promettait d’être euphorique…

Egalement ce jour là, on prévoyait de se rendre tous en famille au spectacle d’ouverture du festival de Baalbek qui devait fêter son cinquantenaire en grande pompe. Il s’agissait d’une opérette des frères Rahbani « Sah el Nom » interprété par Feyrouz et Antoine Kerbage.
Comme si par prémonition, ce « Sah el nom » (« Bon réveil » en français) concernait le réveil des forces belligérantes !!!
On se demandait si le spectacle tenait toujours … Mais on n’était pas d’humeur à y aller. Mais lorsqu’on apprend que Baalbek ou ses environs ont fait partie des cibles de l’attaque, on s’est dit laissons ça pour une autre fois. En fin de compte, le festival fut reporté dans l’attente d’une ultime décision du comité.
Alors que je m’attendais à découvrir Feyrouz dans le cadre d’une opérette sur une scène spécialement et nouvellement aménagée entre les Temples de Jupiter et Bacchus. Finalement, je la retrouve, le soir même, à la télévision dans des passages de ses spectacles avec des chants patriotiques entre chaque Flash. Ce soir là, j’ai eu donc droit à une Feyrouz … du XXe siècle dans la petite lucarne et à une ouverture de festival guerrier.
La nuit était lugubre avec les bruits intensifs des raids aériens israéliens qui nous survolaient.

Le mercredi 12 juillet 2006

Je fais ma tournée habituelle à l’atelier de travail où je revois les employés de notre société familiale et leur travail en marche. La musique à la radio est brusquement interrompue par un flash annonçant la prise d’otage de 2 soldats israéliens par le Hezbollah.
« Tiens ce n’est pas si mal que ça. On commence bien notre été avec ces jeux dangereux. Ya aini !! »
La journée se passe normalement pour moi comme pour la plupart des gens. Mais c’est le soir que le sud du pays est sévèrement bombardé.

Juillet 2006


C’est en découvrant 2 blogs que j’aimerai vous faire partager que j’ai été encouragé à en faire de même. L’un est de nadche www.nadche.blogspot.com qui se trouve à Beyrouth et l’autre est de batroumi www.batroumi.blogspot.com qui se trouve au Kesourwan. Tous deux parlent de leur vie quotidienne, impressions, réflexions qu’ils vivent depuis le début de la 2e guerre du Liban.
Etant donné que je suis quasiment bloqué dans ma région, je me suis dit pourquoi pas en faire de même surtout que je me trouve dans le Metn, dans les alentours de Broummana.


C’est donc avec plus d’une semaine de retard que je commence mon journal de bord avec tout ce que l’on vit récemment. Je ne vais pas commencer depuis le déclenchement de ce bouleversement mais par un rêve prémonitoire que j’ai bizarrement fait en même temps que ma sœur.
J’ai rêvé que je conduisait frénétiquement un 4x4 en compagnie de ma mère dans les rues de Beyrouth grimpant des montées afin d’échapper à un tsunami qui avançait derrière nous…
Je raconte ce drôle de rêve au cours du petit-déjeuner en famille. Ma sœur ouvre ses yeux grands ouverts et me dit qu’elle avait fait un rêve similaire et la même nuit. Elle se souvient d’avoir couru en famille, nous 5, puis s’embarquer dans une sorte de Jeep échappant au tsunami.
A ce moment, on ne comprenait pas la signification de ce rêve, mais ça nous a fait bizarre et on était impressionné par les coïncidences concernant le moment et le sujet…
Ce jour là devait être au matin du lundi 10 juillet 2006….

Quelques citations…



La guerre est toujours la faute de l'autre
(Gaston Bouthoul)


La guerre aggrave les maux qu'elle combat.
(Emmanuel Berl)


Les guerres sont faites par des militaires dont l’ambition est de mettre en scène des souvenirs de films de guerre
(Joseph Heller)


Les amères leçons du passé doivent être réapprises sans cesse.
(Albert Einstein)


Lorsque les haines ont éclaté, toutes les réconciliations sont fausses.
(Denis Diderot)


L'art de la guerre c'est soumettre l'ennemi sans combat
(Sun Tzu)


Comme les ennemis sont mortels, il n'est somme toute que d'attendre
(Georges Elgozy)


On est toujours le terroriste de quelqu'un
(Anouar al-Sadate)


On fait la guerre quand on veut, on la termine quand on peut.
(Machiavel)


La violence prétend être la solution d'un problème. C'est elle qui est un problème.
(Friedrich Halker)


Evite d'insulter ton voisin, car il demeure toujours à tes cotés.
(Abu Bakr)