Le samedi 22 juillet 2006
A part le rituel matinal, on a eu droit à la visite de nos fournisseurs venus de Tripoli avec une lanterne orientale que l’on a stockée dans le garage de notre maison avec d’autres lanternes. Cette marchandise est destinée à nos clients. Elle est condamnée à y rester jusqu’au jour il sera possible de les envoyer. Mais comment cela s’effectuera le transport avec tous ces ponts détruits dont celui de Mdeirej qui à été pilonné la veille ? Toutes les infrastructures ont été détruites. Et pour les réparer combien de temps faudra t-il pour normaliser le trafic et rendre les routes praticables, même provisoirement ?
Nos fournisseurs ont été également obligés de chercher leurs ustensiles de gravure pour faire quelques retouches sur les lampes. Les voilà qu’ils travaillent pour 2 heures de temps dans notre garage. Cela m’a rappelé au temps de la 1ère guerre où mon grand-père faisait travailler ses employés dans un appartement transformé en atelier de peinture.
En cette période et du fait de ne pas pouvoir se déplacer, on finit par revoir et recevoir ses voisins que l’on a plus vus depuis un certain temps. Et même faire des choses que l’on avait pas le temps d’effectuer. Ma sœur me propose de faire une randonnée dans les environs de la maison. Cela m’a également ramené en arrière en passant devant les villas qui étaient totalement occupées par leurs propriétaires. Chose que je n’avais pas vu depuis la première guerre à l’époque où hôtel Shalimar était plein à craquer. J'espère que par ces durs moments, les gens forcés à estiver dans cet environnement puissent reconsidérer de revenir les étés suivants à la montagne afin de donner vie à cette région qui se délaissait de plus en plus.
Ce soir là, je retrouve d’autres amis à dîner dans un restaurant italien. Egalement, on entre dans une autre ambiance. Nos discussions étaient portés sur ce qui arrive dans notre pays et de la volonté de faire quelque chose pour les réfugiés afin de les réconforter. Mais on était constamment interrompus par deux troubadours qui faisaient retourner Sinatra, Brassens dans leur tombe avec leur fatiguant tintamarre !!! Mais j’étais également gêné du fait qu’ils mettaient de l’ambiance malgré ce qui se passe au Sud. Impensable inconscience ou moyen de survivre ?
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