tatarazi

Monday, July 31, 2006

Le dimanche 30 juillet 2006 (suite)

Peu de mots peuvent exprimer l’horreur et le désarroi face à cet abominable carnage. Seul le silence et la médiation peuvent momentanément calmer les esprits mais on ne peut pas oublier cela.

Les rues étaient désertes dans les alentours. J’imagine que tout le monde est terré chez soi pour mieux comprendre ce qui c’était réellement passé et surtout face à la réaction des gens rassemblés face au bâtiment de l’ESCWA.
Cette Organisation des Nations Unies (ONU), qui a vu le jour dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour remplacer la faible Société des Nations (SDN) qui a également vu le jour après la fin de la Première Guerre Mondiale, se retrouve à mon humble avis dans une faiblesse désarmante. Cette soit disant honorable institution qu’est l’ONU est devenue la marionnette de quelques Grands de ce monde qui ne sont plus du tout si grands que cela.
Toujours des paroles ou plutôt des palabres insipides et sans aucune efficacité. Et s’il y a résolutions combien y en a t-elles qui ont été appliquées à la lettre?


L’après-midi, je reçois la visite d’un journaliste d’une revue allemande qui était venu deux jours plus tôt avec cet ami avocat. Marc tenait à m’interviewer pour son reportage concernant la vision de la jeunesse libanaise sur le Liban. Je ne vais pas retranscrire toute l’interview qui a duré 2 heures mais quelques passages.
Etant donné que notre famille est depuis plus de 140 ans dans le domaine de la décoration orientale, le journaliste a tenu à connaître sa chronologie à travers les diverses époques, générations et implantations dans les diverses villes du Moyen-Orient (Beyrouth, Damas, Jérusalem, Le Caire, Alexandrie, Rabat et Casablanca). Après m’avoir cerné dans mon contexte familial, les questions se concentrent sur mes études universitaires, mon intégration et fonctions dans l’entreprise familiale, et sur quelques souvenirs d’enfance sur la période de la 1ère guerre civile libanaise.

« Pourquoi habitez-vous dans cette région et depuis quand ? »
«C’est aux alentours de 1982-1983, que nous sommes venus ici depuis qu’une bombe est tombée dans le parking de notre immeuble à Beyrouth dont on s’est enfuis par les balcons. Depuis ce jour-là, ma famille à préféré vivre loin de la ville. Un mauvais souvenir tout simplement. »

« Pouvez vous me dire en quel mois exactement cela s’est-il passé ? Pourriez-vous le demander à vos parents ? »
« Etant donné que vous m’interviewez et non mes parents, je ne me suis pas attaché à connaître la date exacte de cet événement. Car tout le monde s’en est sorti indemne. Grâce à Dieu. Cela n’aurait pas été le cas si quelqu’un de proche ait été touché ou tué. Ce qui est normal. Je pense à tous ceux qui ont tout perdu comme être cher ou comme bien. Ce n’est pas du tout facile. »

« Comment voyez vous le Liban ? Un Liban chrétien ou comme il est actuellement ? »
« Depuis des siècles, le Liban a toujours été le carrefour de toutes les civilisations, cultures et religions. Il est de par nature multiple. Il ne peut pas appartenir à une seule entité. C’est cela la richesse du Liban tant envié par ses voisins géographiques, régionaux ou mondiaux. »

« Ce n’est pas la même vision que j’ai recueilli d’un autre libanais. Qu’est ce que vous en dites ? »
« La richesse du Liban est par la multiplicité de ses croyances, cultures et avis. Je respecte l’avis de cette personne. Sans vouloir être naïf, je suis convaincu, qu’une fois autour d’une même table, avec d’autres personnes ayant d’autres avis (que le mien et le sien), que tout le monde sera d’accord pour quelque chose d’objectif et de constructif pour le Liban. »

« Si jamais vous devez quitter le pays, le feriez-vous ? Vendriez-vous votre entreprise familiale ? »
« Comme dit le cher Ghassan Tuéni, « Le Liban n’est pas un hôtel. Ce n’est pas lorsqu’il y a un problème qu’il faut le laisser et revenir lorsque tout va bien ». Il est de notre devoir d’espérer et de croire en son pays pour le sauver à notre manière des maintes agressions qu’il reçoit. Lorsque vous me demandez de vendre ou fermer l’entreprise familiale, c’est comme si vous abattez un arbre centenaire. Or cet arbre centenaire, tout comme l’entreprise, devrait être préservé afin être légué aux générations futures »

Bref, on verra bien ce qu’il en sortira de cette interview qui sera rédigée en allemand. Il va falloir trouver un allemand pour me traduire ce qui sera écrit… « Confidence is good but control is better » comme me le répète mon père.

Tard le soir, on apprend que le cessez-le-feu aura lieu pour 48 heures. Mais cela n’empêche pas les avions de tournoyer au-dessus de notre tête. Ce jeu de mots et de promesses ne fait devenir des jeux de maux qui n’en finissent pas.

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