tatarazi

Sunday, August 27, 2006

Le dimanche 27 août 2006

La journée du dimanche reprend ses habitudes comme cela se faisait avant la guerre. Pourtant, il s’agit de notre vie quotidienne. Mais, je pense à ceux qui ont tout perdu : leurs biens ou maisons durant cette offensive israélienne. Comment vivent-ils actuellement leur quotidien ? Ont-ils reçus les aides et réconforts nécessaires en attendant la reconstruction de leur demeure ?

Je passe quasiment la journée à Bhannes chez ma grand-mère qui recevait la visite de parents et amis. Sa remise en forme se fait progressivement mais très lentement. Entre-temps, je relis les journaux de la veille où je tombe sur quelques publicités qui m’ont attiré l’attention.


Comme par exemple celle de la station balnéaire Orchid qui a rouvert ses portes. J’en étais bien surpris, car elle se trouve en périphérie de la centrale de Jiyeh détruite durant l’offensive avec le fuel qui s’est déversé sur les côtes libanaises. Donc, la première station balnéaire qui aurait été touchée par cette catastrophe. C’est ambitieux d’avoir pris le courage à deux mains pour rouvrir même si, à mon avis, personne ne sera tenté de se baigner dans la mer. Mais l’odeur d’hydrocarbures sentis la veille à Mounsef, est-il présent à Jiyeh ou le courant l’a-t-il emporté vers le nord ?
Il va falloir aller sur place pour en savoir plus…

Le samedi 26 août 2006

C’est la première fois depuis le début et la fin de ces évènements que je suis convié à un mariage. Rares sont les mariages qui ont eu lieu malgré tout durant les moment les plus durs. Une grande majorité a été annulée et certains ont été maintenus avec le strict minimum.
Après une messe célébrée en l’église à Zalka, le dîner avait lieu à Mounsef. C’est encore pour la première fois que je me rends vers le nord après que les ponts de Maameltein, Ghazir et Fidar furent la cible des raids israéliens. Parait-il que c’était une aviatrice israélienne d’une vingtaine d’années qui avait réalisé cette sale besogne. On m’a raconté qu’elle aurait été sanctionnée par ses supérieurs pour n’avoir pas agi directement aux ordres. Durant l’opération, elle avait vu une femme et deux enfants traverser un des ponts et qu’elle aurait attendu qu’il n’y ait plus personne pour le pilonner… donc quelques secondes ou minutes de retard. Ensuite, pour un autre pont, elle avait le choix de le pilonner au moment où un homme le traversait ou des voitures qui ne tardaient pas à y arriver. Elle a tranché pour l’homme pour faire moins de victimes. Par cette sale tâche qui lui était imposé, comme pour tant d’autres soldats, elle a été sanctionné pour avoir « partiellement désobéi » afin de sauver des vies et d’éviter au maximum des victimes… Affaire à suivre…
Revenons, au résultat de ces ponts coupés. Cela a naturellement provoqué des détours. Non loin du Casino du Liban, le pont était praticable sur une seule voie mais à la queue leu leu. L’autre voie était endommagée donc impraticable et frêle.
Un peu plus loin, l’autoroute est ensuite détournée vers la route côtière pour contourner le pont pulvérisé de Fidar. Avec l’obscurité, je ne pouvais pas le voir.
On arrive sur la cote maritime de Mounsef, sur le lieu du dîner de mariage situé dans un hôtel qui était tout illuminé contrastant aux alentours tout sombre. L’odeur de la mer était malheureusement remplacée par celle d’hydrocarbures rappelant ceux des stations d’essences. Il s’agit des effets de la marée noire qui a envahi les côtes.

Heureusement que j’ai prévu de rentrer après la soirée avec un ami en taxi, car il fallait connaître tous les raccourcis et dédales pour arriver à bon port surtout au niveau des ponts de Ghazir et de Maameltein. Il fallait passer par le Casino du Liban puis prendre une route parallèle à celle de la baie de Jounieh bouchée par des embouteillages, pour ensuite arriver près du 3e pont également pilonné sur une voie dont on pouvait voir les dégâts…

Ce jour-là, dans l’Orient le Jour, on évoquait qu’il avait plus de 80 ponts qui ont été détruits. La plupart seront reconstruits grâce à l’initiative privée. Seuls ceux de la plaine du Akkar n’ont pas eu pour le moment de bénévoles pour leur reconstruction. Qui va s’en occuper ? Autre affaire à suivre…

Friday, August 25, 2006

Le vendredi 25 août 2006

La chaleur se ressent même à la montagne. Que dire pour ceux qui vivent à Beyrouth surtout avec le rationnement de courant donc … pas d’air conditionné… ni même dans les voitures afin d’économiser l’essence qui frise la pénurie.

Spécialement qu’en ce moment on annonce avec pessimisme que la Syrie va bientôt fermer ses frontières avec le Liban pour riposter contre la présence de la Finul.
Drôle de démarche enfantine qui n’est d’ailleurs pas la première. Surtout lorsque les raisons ne sont pas suffisamment claires, convaincantes et productives. Ci-joint quelques textes pris des informations lues dans AFP et l’Orient le Jour.
« Le bureau syrien de la production et du transport d'électricité avait informé la société publique d'électricité libanaise, Electricité du Liban, qu'il "ne peut plus assurer l'approvisionnement" en raison de problèmes techniques. » Ah bon ? Lesquelles ?
« Dans le passé, Damas a souvent utilisé la fermeture de sa frontière pour régler ses contentieux avec le Liban qui en a fait l’expérience l’été dernier, après le retrait des forces syriennes du pays. Damas avait alors interdit son territoire aux camions venant du Liban, sous prétexte de formalités administratives. » Ce n’était pas le Liban qui en fut victime, mais tous les pays arabes et du Golfe et surtout indirectement la Syrie.

Sans prendre parti de quiconque, je me pose la question : Mis à part l’opinion des dirigeants politiques syriens, qu’en pense leur peuple de cette décision ?
Est-ce convaincant ?

Le jeudi 24 août 2006

Cette fois je descends à Beyrouth en plein jour entre le centre ville et Achrafieh. Chaleur humide culminant les 36 degrés. La vie a en quelque sorte repris avec l’animation effrénée des voitures et passants. Bien sûr, la vie continue malgré tout. Les horaires d’ouvertures des boutiques et commerces ont été prolongés par rapport aux jours critiques.
Sur la place du Parlement, une exposition photographique sur le thème des enfants victimes de la guerre et de ses atrocités, a été installée tout autour de l’Horloge el Abed, Personnellement, je trouve cela de mauvais goût sur une place publique où d’autres enfants pouvaient voir ces photos et les traumatiser. A la rigueur, cela pouvait être dans une salle fermée interdite au moins de 12 ans. Bref, j’espère que par ces images atroces, les personnes réfléchiront à ne pas faire ou vouloir la guerre voire encore à éviter d’avoir un sentiment de vengeance. Let’s wait and see…

En faisant une visite des lieux d’un appartement qui venait d’être rendu par son locataire quelques semaines plus tôt, je découvre au balcon de la cuisine un tract lancé par des OVNI (Objets Volants Nuisibles Israéliennes) concernant les avertissements aux habitants de Chiyah, Hayy el Sellom, Burg el Burajné. C’est la première fois que je vois cela en nature.

J’ai dû faire un tour à la Sûreté Générale pour effectuer quelques formalités. Le lieu grouillait de monde qui commençait à faire leurs passeports. Un peu plus loin, une longue file d’attente était postée devant l’entrée du Centre Culturel Français (CCF) pour les demandes de visas. Il parait que tout se fait sur rendez-vous et celui qui tient en avoir un maintenant, ce sera pour octobre. Et ainsi de suite. L’obtention des visas est devenu plus difficile surtout pour les célibataires.

Autant survivre ici et espérer un avenir optimiste pour notre pays…
D’ailleurs, je tiens à féliciter la Compagnie de Johnnie Walker qui a fait de superbes publicités concernant le contexte actuel et l’espoir de continuer à …marcher.
C’est grâce à ma cousine, que je remercie vivement, et qui me les a envoyé que je peux vous les montrer.

Malgré les ponts coupés et la pénurie d’essence…. Keep Walking !!!

Le mercredi 23 août 2006

Réveil matinal pour me diriger avec un de nos salariés vers Damas.
Oui vers… Damas !!!
Cela fait depuis le lundi 10 juillet qu’on ne l’avait pas fait. Soit 2 jours avant l’apocalypse. Par mon travail, j’y faisais régulièrement la navette afin de vérifier le déroulement de quelques commandes réalisées chez nos fournisseurs pour le compte de notre entreprise familiale.
J’appréhendais la route car je n’avais aucune idée visuelle de ce qui était arrivé dans cette région. Rien n’a véritablement changé mais la route de Tarchiche vers Chtaura était parsemée de quelques infimes traces de guerre comme : des éclats d’obus ayant labouré l’asphalte, un poids lourd calciné gisant au bord de la route, quelques habitations ou commerces dont les vitres sont brisées à cause des vibrations, etc.…
De Chtaura, on prend un taxi pour Damas. On était à bord d’une vieille Mercedes branlante sillonnant la route internationale régulièrement pilonnée dont on découvrait l’ampleur des dégâts : Diverses usines calcinées et détruites rappelant les ruines des la Seconde Guerre Mondiale que l’on voit en photos, des ponts dont je ne connaissais pas l’existence du fait qu’ils étaient confondus avec la route étaient totalement pulvérisés, des trous béants sur la route étaient entrain d’être colmatés…
Combien de temps faut-il pour reconstruire tout cela ?
Egalement, sur cette même route, étaient placardées sur les panneaux publicitaires des affiches rouges sur lesquelles on voyait une photo sous laquelle était écrite en anglais «The Divine Victory » ou en arabe « Al Nasr min Allah » (La Victoire venant de Dieu) jeu de mots subtils faits à partir du nom du Cheik Nasrallah.
On arrive au poste frontière de Masnaa, où il avait beaucoup de voitures et de monde. D’habitude la plupart des libanais traversent la frontière munis de leur carte d’identité, cette fois, la majorité d’entre aux avaient leurs passeports en main. Cela témoigne du fait qu’ils quitteront le pays par l’aéroport de Damas.
Les formalités entre les deux postes frontières se font sans encombre, comme cela se faisait auparavant. Au niveau du No man’s land, un énorme cratère commençait à être remblayé. De coté, gisait deux carcasses de véhicules non identifiés (automobile ou camion ?) broyés et calcinés.
On arrive à Damas sous un soleil de plomb et une chaleur avoisinant les 40 degrés. Rien ne me paraissait changé dans cette ville millénaire. Mais un détail flagrant se confirmait au fur et à mesure de mes tournées en voiture : C’était la profusion des images de Nasrallah et de Bachar côte à côte sur divers fonds de drapeaux, de guerre, de Mosquée de Jérusalem. Bref, une sorte de glorification de ces personnes qui n’ont peut-être plus la même vision commune des choses. Ces images sont déployées sur des devantures de boutiques, pare-brise arrière des taxis ou certaines voitures privées, sur des panneaux publicitaires. Il est vrai que tout le monde arabe veut s’approprier de cette « Victoire Divine » aux dos des martyrs libanais. Quelle salade politique immonde !!
Sur le chemin du retour, après avoir traversé la frontière syrienne, défilait devant nous des poids lourds de UNHCR (Nations Unies & Croix Rouge) en direction du Liban. Et au même moment, le taxi s’arrêtait devant un groupe de jeunes syriens membres des Nations Unies et de la Croix Rouge qui distribuaient gratuitement des bouteilles d’eau, de jus, de biscuits et de prospectus de prévention contre les restes de bombes ou munitions abandonnées. Après cela, on était soumis à un questionnaire dont je me souviens vaguement de quelques interrogations :
- Est-ce votre premier retour au Liban après la fin des hostilités ?
- Etiez-vous bien content de votre séjour en Syrie ?
- Envisageriez-vous de revenir en Syrie ?
- Où habitez-vous ? etc.…

Il est vrai que cette personne fait son travail. Mais je trouvait cela répugnant du fait que ce même gouvernement est en quelque sorte en partie responsable de ce qui s’est passé au Liban avec la non volonté de coopérer efficacement aux demandes libanaises concernant la nationalité des fermes de Chebaa, les contrebandes illicites, etc.…

Le fait d’avoir terminé mon travail à temps et être sur le chemin de retour vers 17h 30 me rassurait beaucoup plus qu’à l’aller avec l’angoisse de ne pouvoir rentrer ou être bloqué en Syrie.
De retour à Bhannes voir ma grand-mère qui m’attendait, je lui raconte tous les détails de ce voyage. Puis je termine ma soirée avec mon frère, ma sœur et son ami au Locanda Corsini. C’est un lieu agréable et pittoresque digne de la Toscane avec un dîner italien frais et exquis.
Comme si on avait voyagé pour quelques instants en Italie…

Tuesday, August 22, 2006

Le mardi 22 août 2006

Voilà plus d’un mois que j’écris mon blog. Je remercie ceux qui le lisent et s’enquièrent de nos nouvelles tout en m’encourageant à continuer à écrire. C’est devenu une nouvelle habitude de témoigner ce qui me retient le plus de la journée dans les circonstances que traverse ce pays. Je ne sais pas combien de temps je vais continuer à écrire. Qui vivra verra.
En récapitulant les différents emails reçus durant le blocus, j’ai retenu quelques images assez fortes résumant la situation du Liban. D’après une amie avocate, il est interdit de reproduire des images rappelant le drapeau d’un pays. Je ne me souviens pas de la raison exacte.


A mon avis par cette forte image, le Liban n’en peux plus de souffrir et de verser du sang. Le Liban veut vivre en paix comme le témoigne la blancheur du fond avec ce Cèdre vert plein d’espoir…
Malgré toutes les destructions, morts et incendies, le Liban renaît et renaîtra comme un Phénix.

Celle-ci est la plus cruelle et la plus vraie depuis l’Empire Ottoman. Mais avec ce qu’on vient de vivre récemment elle vient d’être renforcée. Il est impératif qu’une solution globale soit trouvée afin de redonner confiance aux libanais de vivre dans leur pays.

De plus en plus on nous confirme la participation de l’Italie à direction de la « Finul Plus » à la place de la France qui avait promis de le faire avant l’application de la résolution de l’ONU. Aurait-elle déjouée un piège tendu par les américains ou l’ONU pour se désiter à la dernière minute? Je n’en sais rien...
Si l’Italie s’en occupera, j’espère que je n’entendrais pas cette citation libanaise : El hakk 3al télién (qui veut dire en arabe « C'est la faute aux italiens »)
Wait and see…

Le lundi 21 août 2006

Descente à Beyrouth grouillant de voitures, de monde et de chaleur. Beyrouth comme on est habitué à la connaître. La vie a repris le dessus comme si rien ne s’était passé, du moins dans cette partie de la ville.
Toujours les mêmes questions concernant notre blocus passé et notre avis sur l’avenir. Le pessimisme a provisoirement pris le dessus de l’optimisme car de nombreuses personnes que je connais se sont décidées à trouver du travail à l’étranger soit pour refaire leur vie, soit pour attendre le provisoire. Quelques rares personnes commencent à rentrer au pays pour continuer leur travail.
Vraiment, on n’a aucune idée de notre avenir tant que notre pays sera le terrain favori de tous les conflits mondiaux. On a tellement comparé le Liban comme la Suisse du Moyen-Orient par son paysage et son système bancaire. Avec l’ampleur du béton un peu partout, le paysage urbain et naturel laisse à désirer, mais cela n’empêche pas le Liban d’être la Suisse du Moyen-Orient par sa … neutralité.
Oui, pourquoi pas ? Je sais bien que la neutralité c’est de l’égoïsme et que c’est une nature contraire au Liban. Mais cela ne vaut-il pas la peine d’essayer cette méthode pour vivre ce qu’il nous reste à vivre ? N’avons-nous pas assez soupé d’être entraîné à notre insu ou par quelques huberlulus dans des guerres sans but et sans fin ?

Ma grand-mère a été transférée dans un bâtiment contigu à l’hôpital dans lequel elle sera soumise à des exercices physio thérapeutiques avant de rentrer chez elle. Toujours dans un cadre verdoyant et dans le domaine de Bhannes, le bâtiment moderne et austère donne sur une vue sur la ville de Beyrouth noyée sous une fine couche de pollution.
Par hasard, je découvre que le centre hospitalier de Bhannes est doté d’un site web http://www.bhannes.com dans lequel on apprend qu’il a été fondé en 1908. Et, on y découvre des photos d’époque ainsi que les différentes ailes construites au fur et à mesure. On se croirait en Europe par le type de végétation, de bâtiments et de cadre. C’est un lieu qui nous permet d’oublier dans quel pays on se trouve du moins pour quelques heures…

Monday, August 21, 2006

Le dimanche 20 août 2006

Il s’agit du premier dimanche relativement normal après la 2e guerre. On espère que tout ira bien très bientôt malgré les rumeurs ou prédictions négatives avancées par des politiciens, journalistes, analystes, ou voyants optimistes ou encore… à la libanaise, l’ami intime de telle ou telle personne travaillant au sein d’une organisation telle… et ultra secrète. Bref, on est emporté par le néant…
C’est aussi le premier dimanche où véritablement tout le monde est aisément installé dans les restaurants. Les voitures stationnées à la queue leu leu aux bords des routes, les familles ou groupes d’amis réunis autour des tables avec les serviteurs si débordés. J’ai eu le plaisir de partager ce moment avec une mloukhié et une partie de ma famille avant de passer l’après-midi à Bhannes.

J’apprends par téléphone que la région de Dahieh est devenue une triste attraction des libanais curieux de voir les dégâts causés par les israéliens. La plupart des immeubles détruits étaient recouverts de bâches rouges sur lesquels étaient inscrits : Made in USA. Subtil mais vrai !!! Le quartier général était sous haute protection armée dont seuls les politiciens étaient autorisés à y pénétrer.
Ce quartier de Dahieh sera-t-il reconstruit ? Ou aménagé de jardins publics ? Ou encore les terrains seront-ils rendus à leurs véritables propriétaires lésés (depuis les années 70-80) telle que la municipalité de Beyrouth et les anciens particuliers ? Allons voir jusqu’où ira la Justice…s’il y en a…

C’est en assistant à un concert de musique classique sur la chaîne télévisée ARTE en direct de Grenade, joué par un orchestre composé de jeunes du monde entier, que je me demandais qu’est-ce qui pousse d’autres jeunes à vouloir tant aimer la guerre et les destructions avec la bénédiction de leurs écervelés chefs assoiffés d’idéologie, de vengeance et de haine ? L’homme a créé tous les éléments susceptibles de faire la guerre comme les armes, les frontières, les nationalités.…
Lorsqu’on voit que c’est également l’homme qui a créé la musique classique. Musique ayant par ses symphonies et mélodies une valeur transcendantale et universelle dépassant les frontières, les nationalités et les âmes. Je me demande comment va-t-on résoudre cette soif de guerre et de destructions ?
La musique adoucit les mœurs, dit-on.
Ou comme le dit Miguel de Cervantès dans Don Quichotte en 1605, « Là où est la musique, il n’y a pas de place pour le mal. »

Sunday, August 20, 2006

Le samedi 19 août 2006

Voilà plus de 2 semaines que je ne suis pas descendu à Beyrouth. Le faire un samedi après-midi en été, en temps normal, c’est comme descendre dans une ville fantôme. Mais vu les circonstances actuelles, c’était encore plus sinistre.
Sur mon chemin, il y avait des affiches publicitaires pleins d’espoirs. De manière plus matérielle que celle de la Banque Audi placardée quelques semaines plus tôt, la Fransabank et la Banque Al-Mawarid avaient à leur manière exprimé leurs slogans :
Pour la Fransabank, figurait en grand, le mot Damar (Destruction en arabe) qui avait sa première lettre raturée et remplacée par la lettre A pour donner le mot Aamar (Construction en arabe).
Tandis que pour la Banque Al-Mawarid, une liste de dates fatidiques libanaises (1978, 1982, 1989,…2006) était dressée et en dessous de laquelle était écrit, si ma mémoire est bonne : Il ne s’agit pas de reconstruire une seule fois mais plusieurs fois !!
Egalement, il y avait une annonce pour la tenue d’un marathon pour le Liban…
Beaucoup de projets et de promesses…
18 heures 30, Achrafieh était d’un silence inouï. Après deux visites de condoléances achevées, c’est avec trois amis que je prends un apéritif au roof de l’hôtel Albergo surplombant Beyrouth. A part deux serveurs, il n’y avait personne. Est-ce parce qu’il était encore tôt ? Je n’en sais rien.
Un tour à l’ABC, dix minutes avant la fermeture des boutiques à 20h, valait la peine. C’est à ce moment que je sentais la différence. Les boutiques commençaient à fermer leurs grilles, quelques clients intrépides se glissaient au Virgin (y compris moi) pour acheter des revues fraîchement arrivées au Liban, les lumières des grandes allées s’éteignaient au fur et à mesure en laissant une ambiance lugubrement tamisée, les promeneurs se dirigeaient soit vers les parkings soit … vers les salles de cinéma… Ambiance triste et surréaliste!!

Avec la violation flagrante de la trêve effectuée par des commandos israéliens à Baalbek, on se demande que va-t-on vivre dans les prochains jours ? Toujours dans le doute et le suspens…
En route de Beyrouth à Bhanes, il commençait à pleuvoir avec quelques brouillards. Etrange pour un mois d’août habituellement chaud.
Est-ce dû au hasard météorologique qui me dépasse? Ou à cause des conséquences de la 2e guerre avec l’émanation des gaz guerriers et toxiques (phosphore,…), de l’amiante des bâtiments écroulés et du pétrole sur les côtes libanaises?
Rien ne permet de l’affirmer. On verra bien d’ici quelques années … Qui vivra verra.

Friday, August 18, 2006

Le vendredi 18 août 2006

La veille, comme aujourd’hui, presque tous les employés sont venus travailler comme si la vie s’était tout simplement interrompue par un cauchemar. Je disais bien presque tous les employés. Car une personne s’est réfugiée en Syrie durant les événements et préfère venir lorsque les routes seront praticables. Et le second vient tout juste de s’enfuir après les événements vers la Jordanie pour éviter d’être enrôlé dans l’armée libanaise en tant que réserviste. A quand le retour à la normale ?
De passage chez le coiffeur, j’ai remarqué qu’il s’agissait de la seule profession qui ne peut être interrompue quelque soit les circonstances que traverse le pays. Pas besoin d’essence, de provisions, de lignes téléphoniques ou d’employés…
Intéressant…

Concernant l’affaire à suivre du mercredi 16 août 2006, je reçois un texto de mon oncle m’informant que la société DHL n’est pas disposée à envoyer un médicament vers sa destination. Allons voir comprendre !!! Motif éthique ? De sécurité ? Bizarre…
Dire que les américains ne se foulent pas la rate d’envoyer des bombes dans n’importe quel pays comme bon leur semble. Alors qu’envoyer un petit sachet de comprimés pour une personne malade et dans le besoin, c’est interdit. Quelque soit les motifs, je trouve cela scandaleux !!
Mon oncle a porté plainte au Département d’Etat par l’entremise d’un bureau d’avocats. J’espère que cela portera ses fruits. Mais comment se procurer de ledit médicament dans les plus brefs délais ? Affaire à suivre et d’autres pistes à envisager…
La nuit porte conseil…


Le jeudi 17 août 2006

C’est en me rattrapant sur l’écriture de mon blog, que je regarde en parallèle la télévision qui diffuse les images en direct du déploiement de l’armée libanaise vers le Sud. C’est vraiment émouvant de voir ces soldats embarqués dans les camions pavoisés de drapeaux libanais. J’espère que leur mission sera un succès malgré quelques appréhensions sur la fragile trêve.
De retour à Bhanes, je raconte le cours des événements à ma grand-mère qui tenait à savoir ce qui se passe dans le pays. On finira par regarder la conférence de presse de Walid Joumblatt tenue à Moukhtara. Tout son discours était porté sur des questions que chacun d’entre nous se pose, ainsi que des réponses aux discours de Nasrallah et de Bachar. On verra bien quelles seront leurs réponses, s’il y en aura…

Anecdote du jour : Comme le centre hospitalier de Bhanes est dirigé et supervisé par des religieuses, ma grand-mère discutait avec une nonne sur son enfance quand elle était élève au Collège des Sœurs de la Charité. C’est alors que ma grand-mère reçoit la visite surprise de son professeur de Catéchisme qui résidait comme par hasard dans le domaine de Bhanes.
Oui, il s’agit de Sœur Marie-Louise qui était professeur de Catéchisme. Cela devait être dans les années 30, lorsque ma grand-mère avait 6 ans. Qui aurait dit qu’elles se rencontreraient 76 ans plus tard !! C’était une scène touchante dont on était témoin. Il m’arrivait de croiser les anciens professeurs de mes parents mais croiser celle de ma grand-mère, faut le faire !!!

Wednesday, August 16, 2006

Le mercredi 16 août 2006

Avec cette trêve qui dure depuis 3 jours, on a le sentiment que le retour à la vie normale est là. Mais cette illusion se trouve butée face à la pénurie d’essence qui fait toujours rage. Lorsqu’il y en a, elle est de mauvaise qualité d’octane qu’il faut ouvrir une canette ayant un liquide tonifiant et le verser dans le réservoir du véhicule. Il va falloir attendre quelques jours pour l’ouverture de l’aéroport, des ports et des routes internationales praticables pour recevoir les produits manquants.
C’est bien bizarre. Du jour au lendemain on se réveille après un cauchemar qui a secoué tout le pays (destructions, morts, blessés, émigrations ponctuelles ou éternelles…). Ce cauchemar a-t-il pris fin ? Ou pas encore ? Où allons-nous ?
« L’été était tellement chaud que tout s’est évaporé !! »

Un zeste de travail et de check-up général avant de camper à Bhanes auprès de ma grand-mère qui a repris un peu plus de vitalité malgré ses courbatures qui endolorissent son corps.
Pour avoir recours à un médicament que l’on trouve seulement aux Etats-Unis, on fait appel à mon oncle afin de nous le procurer et l’envoyer par courrier rapide (DHL, Aramex, Fedex…). Le plus bizarre, toutes ces sociétés n’étaient pas en mesure d’assurer l’envoi vers le Liban depuis seulement quelques jours et non depuis le début de l’offensive. Il a fallu trouver une adresse à Damas comme destination puis, assurer un taxi qui fera la navette vers Beyrouth.
Affaire à suivre…

Le mardi 15 août 2006

Jour férié pour la fête de l’Assomption.
Avec tout ce blocus qui a duré plus de 30 jours, je ne faisais pas la différence entre les différents jours de la semaine car on était en quelque sorte en vacances « forcés ».
A cette occasion, à l’intérieur du domaine du Centre Hospitalier de Bhanes, une messe était célébrée dans une petite chapelle accompagnée d’une chorale chantée par des religieuses. J’était en quelque sorte emporté par une ambiance de vieille France comme celle qu’on voit dans « La Grande Vadrouille » avec Louis de Funès par le cadre boisé, verdoyant et fleuri entourant la chapelle…
Après cette messe pleine d’émotions, de prières et de vœux, on retrouve ma grand-mère admise dans sa chambre No.23. C’était en quelque sorte son assomption.
Cela nous a fait plaisir et donné de l’espoir.
Malgré ses fatigues et ses courbatures, elle était heureuse de se retrouver dans une chambre dont les ouvertures donnaient sur des vues dignes de la Forêt Noire de la Bavière qu’elle a tant aimé.

Ce Liban, taboulé de cultures, de traditions et de coutumes, est également le mélange des paysages du monde. Et malheureusement, un pays avec un assortiment de contradictions de tout genre au niveau politique.
Avec ce qui se passe on se demande qui va gérer cet « après-guerre » l’Etat libanais ou les dirigeants du Hezbollah ? Qui assurera son autorité ? Je reste optimiste malgré le pessimisme ambiant…
Voilà depuis hier, que les réfugiés retournent vers le Sud quelque soit les risques encourus (routes coupées, bombes non explosées, trêve toujours fragile…). Ici, dans le village et les environs, les responsables des écoles commencent à faire le ménage et ranger les bancs et tables après le départ des réfugiés.

Le lundi 14 août 2006

Pour savoir si le cessez-le-feu a été respecté, je zappe sur toutes les chaînes télévisées et sur Internet. Tous les belligérants ont usé leurs ripostes (roquettes, tracts, bombes) jusqu’aux dernières minutes. Quelle mascarade !!
Cet intérêt de la situation passe au second plan dès que j’arrive au Centre Hospitalier de Bhanes voir ma grand-mère toujours aux soins intensifs. Grâce à Dieu, son état s’est légèrement amélioré et elle a repris un peu plus de vigueur par rapport à la veille. On espère, on prie encore et toujours plus intensément.
Les visites se font plus fréquemment dans les soins intensifs (malgré les restrictions) afin de la réconforter et de lui raconter des histoires autant que possible afin qu’elle ne se fatigue pas à parler. A un certain moment, ma grand-mère demande à prévenir d’autres membres de la famille de son état de santé. Paniqué, on n’arrivait pas à retenir nos larmes.
Son état demeurait stationnaire sous surveillance. Les prières ne cessaient pas de se renouveler et de s’intensifier.
Sûrement pendant ce temps, d’autres personnes priaient pour notre pays le Liban. La trêve dans le pays était fragile avec le son des avions sillonnant le ciel.
Sans vouloir comparer ces deux situations : personnelle et locale, je les trouvais en quelque sorte similaires et angoissants avec un équilibrisme d’espoir et de pessimisme.

Tuesday, August 15, 2006

Le dimanche 13 août 2006

On est réveillé à 2h30 du matin par un coup de fil de ma mère. Paniqués, on la retrouve au hall de l’hôpital face aux accès des soins intensifs. Assis dans la pénombre, on fixait la montre et le temps qui passait si lentement. Le médecin interne sort de l’ombre et nous rassure d’une stabilité de l’état général de ma grand-mère après une alerte.
Angoissés, on préférait dormir dans sa chambre No. 23 en attendant les nouvelles relayées par l’infirmière. Assis sur les chaises, ou étendus sur un canapé ou sur un lit pliant, on était entre le sommeil, les prières et l’angoisse du temps qui passe.
L’œil rivé sur la fenêtre, je voyais le soleil se lever à travers les collines boisées. Le silence était total. Le balcon de la chambre No.23 donnait sur une superbe vue sur la vallée et la baie de Jounieh. De loin, pointait la colline de Harissa avec les basiliques entourant la Statue de la Vierge qui paraissait si petite.
Le temps passait si lentement. La situation devenait intenable.
Entre l’état critique de ma grand-mère et celle du pays qui s’approchait de la soi-disant trêve qui doit tomber à 8 heures du matin du lundi, je passait quasiment tout le temps à prier et répéter les prières à différents lieux du centre hospitalier de Bhanes : Chapelle, grotte de la Vierge, face aux portes des soins intensifs, avec différents membres de la famille, etc.…
De légers progrès au niveau de santé se faisaient sentir. Les médecins n’étaient ni optimistes ou pessimistes. Là, on n’avait que la prière comme source de réconfort et d’espoir.
La situation au Liban devenait de plus en plus angoissante sachant qu’on ne savait pas si cela va empirer ou diminuer. Mais moi je ne me souciait pas de cela, il y avait une autre priorité plus intime plus intense.

Les bombardements se faisaient entendre aux dires des différents membres de la famille. Moi, heureusement, je n’entendait pas avec ma faiblesse auditive (c’est bien pratique pour être moins angoissé)

Saturday, August 12, 2006

Le samedi 12 août 2006

La résolution 1701 vient de naître. Wa Akhiran… Ahlan wa sahlan (Et enfin… bienvenu, en arabe). J’espère que son application se réalise dans les plus bref délais pas comme la 425 qui n’est toujours pas appliquée. Je me pose la question sur le nombre de résolutions réalisées entre la 425 et 1701. J’espère qu’au moins une grande partie ait été faite sinon je qualifierai l’ONU d'O...NUL
Mais je commence à me lasser de ces charabias politiques qui n’en finissent pas (voilà plus de 60 ans) et des enfantillages barbares et sanglants de tous ces peuples bornés par leurs idées.

Depuis hier, la santé de ma grand-mère était vacillante.
Aujourd’hui, on a dû l’amener à l’hôpital de Bhanes pour lui faire un check-up général. Quelques temps plus tard, il s’avérait plus rassurant de la laisser aux soins intensifs pour un meilleur contrôle des médicaments injectés dans son corps. C’est déchirant de la voir dans cet état. Malgré cela, un sourire s’est esquissé sur son visage lorsqu’on apprend que son aide soignant qui s’occupait d’elle avait le même nom de famille que ma grand-mère. Drôle de coïncidence…
A partir de ce moment plus rien ne m’intéressait sur ce qui nous entoure. Les informations télévisées ou des discussions à propos de la situation du pays ne me souciaient point.
Il n’y a que la santé de ma grand-mère qui m’intéresse plus que tout. Toutes les prières lui sont destinées pour un prompt rétablissement…
Il est une heure du matin. Je viens de rentrer de hôpital laissant ma mère et ma tante auprès d’elle. J’espère que tout ira bien au plus tôt.

Friday, August 11, 2006

Le vendredi 11 août 2006

Marche matinale sur une rue intérieure bordant diverses maisons anciennes ou récentes, de jardins et de forets de pins. Le ciel bleu était clair et lumineux. La vue était dégagée, sans aucune brume. Au loin, se dessinent les montagnes sur lesquelles on aperçoit les villages de Hammana, Salima, Sofar, Aley, etc… Un peu plus loin, à travers quelques arbres, on apercevait Beyrouth qui avançait comme une proue de navire vers la Méditerranée toute scintillante. De temps en temps, lorsque les voitures ne passaient pas, on pouvait entendre gazouiller les oiseaux et chanter les cigales. Quel plaisir de se laisser emporter par la nature et ce qu’il reste de son charme. Elle nous permet d’oublier ce qui se passe sur cette Terre et surtout sur notre terre. Oublier… ?
Mais pas du tout !!! Ce n’était pas possible de jour-là !!
Car, les avions volaient si bas qu’on les entendait sinistrement vrombir au-dessus de notre tête apeurée. Une fois disparus, on retenait notre souffle. Puis on entendait le bruit des moteurs de drone ou de MK (surnommée Oum Kamel en arabe) qui sillonnait au-dessus de nous. On ne pouvait pas les apercevoir. On avait bien peur d’être proche d’une quelconque cible.
Parano Oblige !!
Au lieu de (…), calme et volupté on avait droit à des nuisances sonores et angoisses à cause de ces Objets Volants Nuisibles Israéliennes que l’on peut abréger avec O.V.N.I.
Toute la journée on a eu droit à leur présence fantomatique…

Le jeudi 10 août 2006

Un zeste de travail nous a permis de livrer quelques meubles restaurés à leur client à Yarzé. C’est avec impatience qu’on attendait le retour de notre employé chez lui surtout lorsque les israéliens ont pilonné un vieux phare à Beyrouth. Il a fallu que ce phare désaffecté de Koraytem, datant du mandat français soit atteint d’un obus pour qu’on soit au courant de son existence. Il tient bon encore, un jour peut-être, je le visiterai sur place. Dire qu’avec cette malheureuse guerre qui dure plus de 4 semaines qu’on fait la connaissance, à travers des images dures ou des cartes, des villages du Sud, des routes secondaires et surtout les ponts. Je regrette amèrement de n’avoir pas eu l’occasion de visiter cette région si martyrisée avant l’apocalypse.

Ce jour-là, Londres réussit à déjouer de justesse un complot terroriste international qui visait à faire exploser des avions de ligne. Résultat, panique mondiale. Plusieurs vols annulés, tous les passagers se retrouvent bloqués dans l’aéroport. Ceux qui ont à voyager sont soumis à des fouilles draconiennes. Dans quel monde vivons nous ?
Je pense à ceux qui ont été évacués du Liban et qui pourraient se trouver bloqués dans cet aéroport en ce moment. Quel calvaire vivent-il ?

Le mercredi 9 août 2006

J’ai reçu des emails de parents inquiets sur notre sort car je n’avais rien mis dans le blog depuis le vendredi passé. C’est alors que je m’attelle à la tache d’écrire les moments ayants marqué la journée. Il s’agit de cousines à mon père, que j’ai rencontrées sur Internet lors de mes recherches généalogiques, voilà plus de 3 ans. Et jusqu'à maintenant je ne les ai pas rencontrées. Grâce à l’Internet on se connaît bien virtuellement et spirituellement. Pour les rencontrer, ainsi que leur famille, dans la réalité il va falloir traverser l’Atlantique. Chose impossible pour le moment avec ce qui nous occupe et ce qui nous attend à l’après-guerre.
Ce sera pour quand ? Nul ne le sait encore ?

Wednesday, August 09, 2006

Le mardi 8 août 2006

Avec la pénurie d’essence, on s’oblige à rester chez soi. Ma sœur et moi sommes rendus au grenier pour faire quelques rangements, tris et ménages sur des affaires mis dans des cartons depuis la fin de nos études scolaires et universitaires. Poussières et souvenirs nous envahissent pendant quelques heures. On finit par mettre de coté des livres et jouets susceptibles d’être utiles et ludiques pour les enfants réfugiés dans les écoles environnantes. Comment les enfants agiront-ils ?
Lorsque j’entends que certaines personnes ont volontairement jeté à la poubelle, un plat cuisiné, par des dames bénévoles pour soit disant des raisons religieuses ou autre, je trouve cela révoltant et ingrat. Le font-elles par conviction quelconque ou réaction irréfléchie parce qu’elles se sentent humiliées ? Toujours pas de réponses à ce sujet…
D’autres réfugiés, plus diplomates, demandaient à recevoir des ingrédients afin qu’elles cuisinent à leur manière.

Vers 20 heures je retrouve des amis que je n’ai plus vus depuis plus de 2 mois, qui avaient réservé une table sur la terrasse du restaurant Burj-el-Hamam. Terrasse immense jonchée de tables … vides ; il n’y avait que 5 occupées y compris la nôtre. La vue sur la vallée et une partie de Beyrouth était noire vu le rationnement en électricité.
Tout au long du dîner, la discussion portait sur la situation actuelle, les raisons et les causes de ce retour en arrière.
En ce moment le Liban face à ces agressions revient près de 20 ans en arrière et tout cela à cause d’une soit disant prise d’otages. Il est bien clair que le principal objectif de ce voisin, si honni, vise tout simplement à nous détruire tout en prônant la soi-disant « légitime défense ». Cynique et hypocrite prétexte!! Le pire c’est que la communauté internationale est si lâche !!!

Le lundi 7 août 2006

Retour des employés pour la journée et approvisionnement de boulots à faire chez eux comme des devoirs de vacances « forcés » dû à la pénurie d’essence. D’ailleurs, sur mon chemin, il y avait des embouteillages dus aux files de voitures qui faisaient une queue longue de plus de 600 mètres pour faire le plein de 10 litres maximum...

Ce jour là, les ministres arabes des affaires étrangères viennent à Beyrouth pour tenir une session extraordinaire au grand Sérail. Le discours du premier ministre Fouad Siniora, ponctué par des larmes et une voix nouée par l’émotion, était vibrant et touchant. Pour la première fois, je sentais que les différents diplomates arabes plus sérieux et concernés par cet appel. J’espère pour une fois qu’ils se révèleront efficaces et surtout unis.
J’ai été surpris au cours d’une discussion, que quelques personnes aient reproché au chef du gouvernement de n’avoir pas pu retenir ses larmes lors de son discours. Personnellement, un homme politique est avant tout un être humain. Cela fait depuis le début de l’offensive, qu’il est soumis à des pressions politiques locales et internationales. Et c’est à son insu, que le pays dont il est responsable, se retrouve sous les feux de destructions, de morts et de blessés. Tout cela n’engendre t’il pas des émotions ? A mon avis ceux qui retiennent leurs émotions sont insensibles et moins proches du peuple.
Tard le soir, on apprend que le gouvernement a pris la décision de déployer l’armée libanaise au Sud. Dommage que cette décision ait été faite aussi tardivement. Espérons que les zigotos sanguinaires feront taire leurs armes.
Angoisse du lendemain et lueur d’espoir avec cette nouvelle initiative libanaise. J’espère qu’il n’est pas encore trop tard…

Le dimanche 6 août 2006

Dimanche…
Soit disant c’est le jour de repos. Mais voilà que tous les jours on ne fait pratiquement rien. Repos forcé mais pas de tout repos !!!
Pour la première fois depuis le début de ce conflit, bien que je ne sois pas un fervent pratiquant mais tout simplement un croyant, je sentais le besoin spirituel de me rendre à l’église avec quelques membres de la famille.
L’église était pleine à craquer. Du jamais vu, même en été lorsque les estivants sont là. Au son des chants et des prières, je ressentais de l’angoisse et la tristesse dans l’assistance. La plupart des fidèles étaient impassibles, d’autres affichaient un sourire sans joie, certains se sentaient réconfortés de retrouver d’autres amis ou parents qu’ils croyaient partis. Cette atmosphère lourde m’a donné une idée pessimiste de l’avenir…

Ce moment sera estompé par l’anniversaire d’un membre de la famille qui a permis de retrouver quelques parents et amis venus dîner chez nous. Vers la fin de la soirée, autour de quelques tisanes et café blancs, on se demandait ce qu’il pouvait bien avoir comme information télévisée. Personne n’y était intéressé de savoir. On était las de cette situation d’incertitude et ces quelques moments de retrouvailles nous ont brièvement fait oublier dans quel environnement on vivait.

Le samedi 5 août 2006


La vie quotidienne commence à devenir répétitive et sans lendemain. Chaque semaine on croit que ça va durer encore une semaine. Et puis pour combien de temps encore ? Le Liban devrait-il encore souffrir ? Encore plus de morts innocentes ou de blessés et des destructions ? Et puis quoi encore ?
Ce jour là, je devais me rendre avec quelques membres de la famille accompagner ma grand-mère à l’hôpital pour des examens médicaux. Depuis ce moment, la situation du pays ne m’occupa plus du tout mon esprit. Il y avait une autre priorité, une autre anxiété.
Suivant les avis des médecins à la lumière des résultats, le traitement suivi et à suivre est dans le bon chemin.
L’anecdote du moment est que tous les examens étaient inscrits au nom de Mme May A. au lieu de Mme Eva A. du même nom de famille. Les infirmières se sont trompées de prénom, croyant qu’il s’agissait de la fameuse grande dame d’un festival international vu leur quasi ressemblance physique et impression qu’elles donnent !! Cela a amusé ma grand-mère qui devenait provisoirement moins inquiète sur sa santé et qui me racontait que ce n’était pas la première fois que ça lui arrivait ce genre de quiproquo.
De retour de l’hôpital, toute la journée était focalisée sur l’attention de sa santé et sur la façon de la réconforter autant que possible. Comme un problème ne vient jamais seul, mon frère se retrouve victime de fortes migraines déclenchées depuis le début du conflit. Là, on fait appel à un médecin de famille pour consultation.
Cette journée prouve que toute cette situation de guerre peut être dissipée par une situation plus intense et plus personnelle au sein de sa famille.

Saturday, August 05, 2006

Le vendredi 4 août 2006

Le matin à l’aube, j’apprends que les ponts de Halate et de Ghazir (région côtière du Liban au nord de Beyrouth) ont été pilonnés, détruits et provoqué des morts et blessés. Choqué, je ne voyais pas l’intérêt de toute cette offensive sur les infrastructures alors que les combats font rage au Sud. C’est parce qu’ils sont enlisés au Sud qu’ils se défoulent ailleurs ? Qu’elles sont leurs réelles intentions ? Où en veulent-ils arriver ?
Et cette communauté internationale est tellement dégradée et sans initiative dynamique pour prendre une décision courageuse ? Cette ONU qui soit disant adopte des résolutions pour des cas toujours irrésolus. Quelle mascarade !!!

Cela ne m’a pas empêché de faire la marche matinale que je pratique depuis le début des évènements. L’ambiance était tout autre. Vu la proximité des infrastructures touchées à l’aube, tout le monde était inquiet. Tout au long de la randonnée, j’entendais les sons des téléviseurs branchés sur les chaînes diffusant les informations en direct. L’ambiance était angoissante et lourde. J’étais bien pressé de rentrer chez moi où je me sentais plus ou moins en sécurité…

Friday, August 04, 2006

Le jeudi 3 août 2006

Bien que je n’avais bougé de chez moi toute la journée, quelques amis m’avaient proposé de sortir. Je n’avais nullement envie. Mais c’est à la dernière minute, que je change d’avis pour leur faire plaisir et surtout pour voir s’il y avait quelque chose d’intéressant pour écrire pour ce blog.
On part dîner au Gargotier. (Pour information linguistique et selon le Larousse, la gargote veut péjorativement dire, un restaurant où l’on mange à bas prix une mauvaise nourriture) Drôle de définition surtout que l’on sait que l’on mange si bien dans ce restaurant qui n’a pas pris une ride depuis sa fondation dans les années 60 !!
Il y avait beaucoup de monde, la nourriture excellente comme d’habitude avec cette musique des années 60-70. Le cœur n’y était pas, même si on se racontait des histoires drôles pour se décompresser.
Après dîner, ils décident de se rendre par curiosité à …. l’Asia qui a loué pour la circonstance une terrasse de l’hôtel Printania. Ce haut lieu des nuits beyrouthines s’est déplacé de Beyrouth à Broummana. A peine franchi le seuil, je me suis senti catapulté dans un autre monde, dans une autre ambiance ou plutôt dans un souvenir qui me paraissait lointain. J’y retrouve un certain nombre d’amis et de connaissance que je n’avais plus revu depuis les évènements. Ça me faisait plaisir de les revoir. Vu les évènements pénibles, on est à peine resté 10 minutes. Il est vrai que la décoration, la musique et l’animation donnaient une ambiance similaire à celle que l’on voyait à Beyrouth avant la 2e guerre. Coup de chapeau pour les propriétaires qui veulent continuer la vie malgré tout.
Comme le cœur et l’esprit n’y étaient pas, chacun de nous est rentré sous le bruit des avions qui nous survolaient. Lugubre…
Cette brève sortie, nous a fait un changement provisoire comme si on chargeait des batteries d’espoir…

Thursday, August 03, 2006

Le mercredi 2 août 2006

La soi-disant trêve de 48 heures était expirée. A quoi pouvait-on s’attendre? Rester cloîtré chez soi ? C’est le contraire qu’on a fait…
C’est en une voiture par mesure d’économie d’essence que je descends à Beyrouth avec mon père. La ville grouillait d’animation avec les voitures, piétons, etc.… Comme si de rien n’était.

La journée commence avec les remboursements :
- L’exposition programmée à Faqra a été annulée vu les circonstances et notre acompte a été remboursé.
- Une longue file d’attente se déroulait au fur et à mesure devant le guichet de la billetterie de Virgin à l’ABC pour le remboursement des Billets des 3 B festivals (oui, … B car ayant la 1ere lettre en commun : Baalbek, Byblos et Beiteddine). Seuls Feyrouz et Caracalla on préféré remettre ça à une date ultérieure. Mais pour quand ? J’espère que ce ne sera pas programmé dans un hangar comme le BIEL ou Forum de Beyrouth, mais toujours à Baalbek. Sera-t’il pour cette année 2006 ou la suivante ? Wait and see… Si jamais on est remboursé, on en fera don.

On retrouve un fonctionnaire de l’ambassade de France à déjeuner au café des Lettres du CCF (Centre Culturel Français) sur la rue de Damas qui était littéralement barrée par les forces de l’ordre par mesure de sécurité. Certaines personnes faisaient la queue pour accéder au service des visas …
Il y avait de nombreux militaires français, fonctionnaires ayant changé leur rythme de travail ainsi que des volontaires qui prenaient leur pause déjeuner. Ces derniers méritent d’être félicités pour avoir contribué efficacement à des évacuations de français et franco-libanais. A force de voir combien de personnes ont été évacuées en un temps record, on se demande si on est fou de rester sur place… « Qui vivra, verra »

En sortant, on passe devant le bâtiment de la Sûreté Générale de Beyrouth près du Musée National. Il y avait un monde fou et un embouteillage monstre. Dire que beaucoup de personnes se sont pris au dépourvu pour se procurer d’un passeport. Il parait que c’est ainsi depuis le 14 juillet 2006.

Le journaliste allemand (du dimanche dernier) m’a demandé de le retrouver au salon oriental de l’hôtel Bristol conçu par mon grand-père dans les années 50. Un photographe allemand nous y attendait. Je me retrouvais mitraillé par un nombre incalculable de photos et tout cela …. pour une seule petite photo qui sera en principe dans ce magazine. Cela me paraissait insolite dans une période pareille surtout quand je me souviens que l’on a fréquemment exposé dans cette pièce dans les années 90 lors des salons d’antiquaires. Combien ce souvenir me parait si loin. Où étions-nous et où sommes nous ? L’hôtel, qui s’attendait à un nombre record de touristes, est uniquement occupé par des journalistes et des membres de corps diplomatiques.

Potin de la journée, j’apprends par un email que le fameux voyant Michel Hayek se trouve bel et bien au Liban et n’envisage pas de quitter. Il aurait prédit une fin proche des hostilités et une période glorieuse pour le Liban malgré les dégâts et pertes considérables. Rassurante nouvelle…



Photo parue en première page dans l'Orient-le-Jour du mercredi 2 août 2006

On peut se passer de commentaire...

Wednesday, August 02, 2006

Le mardi 1er août 2006

Voilà qu’on termine avec morosité le mois de juillet pour commencer celle d’août. Est-ce bientôt la fin ?

Pour la première fois depuis voilà 3 semaines, tous nos employés étaient présents à l’atelier. C’était bizarre de les voir tous là et émouvant. Mais vu la situation incertaine dans laquelle on vit et la pénurie d’essence qui s’annonce venir, j’ai proposé à certains d’entre eux de faire, dans la mesure du possible, le travail chez eux en attendant des jours meilleurs. Mais pour combien de temps ?

Dehors toutes les stations d’essences sont prises d’assaut par des files de voitures qui ont droit à 10 litres seulement. Heureusement que remplir des bidons d’essence est proscrit, surtout maintenant.

Soumis à un blocus aérien, maritime et terrestre, nous voilà soumis bientôt à un blocus tout court avec la pénurie d’essence qui pointe à l’horizon. Nous seront bientôt bloqués chez soi si jamais la situation s’empirait. A moins de trouver un mulet … ou un cheval si ça fait plus class !!

Depuis le matin, c’est l’électrogène de secours qui fonctionne (au Liban on l’appelle tout simplement « moteur »). La pénurie électrique commence à se faire sentir avec le rationnement de fioul.
On nous promet de nouveaux stocks venant de Syrie. Ah bon ? Et par quelle route restante arriveront-ils? Celle du Nord ? Car celle de l’Est (Masna’a) vient d’être pilonnée à plusieurs reprises de telle sorte que les taxis et voitures stationnent de par et d’autre du cratère. Tandis que le malheureux voyageur doit porter ses bagages et franchir ledit cratère à pieds !!

Le soir, les avions volent assez bas. Moi, je hausse le volume de la télévision afin de ne pas les entendre…
Tard dans la nuit, on finira par apprendre qu’un commando israélien venu à bord d’hélicoptères ont tenté une opération de kidnapping dans la ville de Baalbek. Surprenant !!!

Le lundi 31 juillet 2006


Vu les circonstances de la veille, un jour de deuil national a été décrété. Tandis que les responsables de ces actes ont accepté un court cessez-le-feu de 48 heures. C’est vraiment immonde. On se demande à quoi ça sert tout cela. Arrêter ou continuer… Franchement, comme si résoudre le fond du problème ne peut se faire que par les armes.

La musique classique résonne sur toutes les ondes radios, tandis que sur les ondes télévisées les informations en direct avec les flashs en bandes continuent à défiler avec morosité.

Heureusement que l’Internet existe pour sortir de cette routine. Mais avec bientôt 3 semaines, surfer sur Internet commence à devenir une routine. Mais une routine agrémentée de découvertes : Avec de nouveaux blogs tout aussi intéressants et innovateurs. L’un est poétique dans Playground of mine que l’on trouve sur le http://www.raniasassine.blogspot.com/ et l’autre est illustré par des images dessinées par l’auteur dans Kerblog sur http://mazenkerblog.blogspot.com/

Ma sœur et ma cousine se sont rendues au Couvent des Sœurs de Besançon pour donner un coup de main aux religieuses qui avaient recueilli des réfugiés du Sud. Elles ont eu la tâche de trier et répartir en part égale les légumes, fruits et provisions par famille. Chaque famille avait droit à son petit four à gaz pour faire sa cuisine. Certains hommes avaient trouvé un travail provisoire à la municipalité, d’autres, pêcheurs de professions, sont résignés à ne rien faire.
Je vais tenter un jour de les aider à leur tâche…