tatarazi

Sunday, September 10, 2006

Eva, même si ton nom est court, il reste profondément et particulièrement beau.
Premier nom biblique de la femme, Eva est un nom qui s’épelle facilement et dont les lettres résument ce que tu es réellement.

E comme Elégante, Emouvante, Exceptionnelle…
V comme Vivante, Volontaire, Vaillante ….
A comme Amicale, Affectueuse, Attentionnée et … Amour

Malgré les épreuves que tu as surmonté, tu as gardé la foi et la certitude que tout problème peut se résoudre d’une manière ou d’une autre : « Tout a une solution » répétais-tu.
Grande dame aux yeux bleus pétillants d’intelligence et d’amour, tu étais toujours là pour tout un chacun.
Tu n’étais que Don.
Toujours attentionné quelque soit ton état de santé…
Très chère Eva, on ne t’oubliera jamais même si tu nous manques déjà.
Tu es en nous.
Tu nous as appris à aimer.
Tu es la définition même de l’Amour.

Saturday, September 02, 2006

Recherche d’Espoirs….

Il ne s’agit pas du Liban en ce qui me concerne personnellement, mais d’un événement plus intime….
C’est le jeudi 31 août vers 21 heures que ma grand-mère a été conduite aux soins intensifs pour un contrôle cardiaque général. Depuis ce soir là et jusqu’à maintenant, au moment où j’écris, ses reins ne fonctionnent plus normalement bien que tout soit équilibré dans ses examens généraux même si l’origine de son problème est dû à son cœur fatigué et ne fonctionnant qu’à 20%.
Elle est lucide et consciente de tout ce qui lui arrive. On se relaye pour la réconforter par notre présence, par nos historiettes…

Durant toute sa vie, elle a généreusement travaillé et donné pour les autres : parents, frères et sœur, enfants et petits-enfants et, sans oublier, tous ceux qui ont travaillé pour et avec elle…. Elle donnait sans compter. Elle Donnait dans tous les sens du mot. Toujours là pour chacun d'entre nous.
Ne mériterait-elle pas un miracle pour faire face aux lois de la médecine ?

On attend avec angoisses et prières qu’un miracle ait lieu.
On espère et on espère…

Sunday, August 27, 2006

Le dimanche 27 août 2006

La journée du dimanche reprend ses habitudes comme cela se faisait avant la guerre. Pourtant, il s’agit de notre vie quotidienne. Mais, je pense à ceux qui ont tout perdu : leurs biens ou maisons durant cette offensive israélienne. Comment vivent-ils actuellement leur quotidien ? Ont-ils reçus les aides et réconforts nécessaires en attendant la reconstruction de leur demeure ?

Je passe quasiment la journée à Bhannes chez ma grand-mère qui recevait la visite de parents et amis. Sa remise en forme se fait progressivement mais très lentement. Entre-temps, je relis les journaux de la veille où je tombe sur quelques publicités qui m’ont attiré l’attention.


Comme par exemple celle de la station balnéaire Orchid qui a rouvert ses portes. J’en étais bien surpris, car elle se trouve en périphérie de la centrale de Jiyeh détruite durant l’offensive avec le fuel qui s’est déversé sur les côtes libanaises. Donc, la première station balnéaire qui aurait été touchée par cette catastrophe. C’est ambitieux d’avoir pris le courage à deux mains pour rouvrir même si, à mon avis, personne ne sera tenté de se baigner dans la mer. Mais l’odeur d’hydrocarbures sentis la veille à Mounsef, est-il présent à Jiyeh ou le courant l’a-t-il emporté vers le nord ?
Il va falloir aller sur place pour en savoir plus…

Le samedi 26 août 2006

C’est la première fois depuis le début et la fin de ces évènements que je suis convié à un mariage. Rares sont les mariages qui ont eu lieu malgré tout durant les moment les plus durs. Une grande majorité a été annulée et certains ont été maintenus avec le strict minimum.
Après une messe célébrée en l’église à Zalka, le dîner avait lieu à Mounsef. C’est encore pour la première fois que je me rends vers le nord après que les ponts de Maameltein, Ghazir et Fidar furent la cible des raids israéliens. Parait-il que c’était une aviatrice israélienne d’une vingtaine d’années qui avait réalisé cette sale besogne. On m’a raconté qu’elle aurait été sanctionnée par ses supérieurs pour n’avoir pas agi directement aux ordres. Durant l’opération, elle avait vu une femme et deux enfants traverser un des ponts et qu’elle aurait attendu qu’il n’y ait plus personne pour le pilonner… donc quelques secondes ou minutes de retard. Ensuite, pour un autre pont, elle avait le choix de le pilonner au moment où un homme le traversait ou des voitures qui ne tardaient pas à y arriver. Elle a tranché pour l’homme pour faire moins de victimes. Par cette sale tâche qui lui était imposé, comme pour tant d’autres soldats, elle a été sanctionné pour avoir « partiellement désobéi » afin de sauver des vies et d’éviter au maximum des victimes… Affaire à suivre…
Revenons, au résultat de ces ponts coupés. Cela a naturellement provoqué des détours. Non loin du Casino du Liban, le pont était praticable sur une seule voie mais à la queue leu leu. L’autre voie était endommagée donc impraticable et frêle.
Un peu plus loin, l’autoroute est ensuite détournée vers la route côtière pour contourner le pont pulvérisé de Fidar. Avec l’obscurité, je ne pouvais pas le voir.
On arrive sur la cote maritime de Mounsef, sur le lieu du dîner de mariage situé dans un hôtel qui était tout illuminé contrastant aux alentours tout sombre. L’odeur de la mer était malheureusement remplacée par celle d’hydrocarbures rappelant ceux des stations d’essences. Il s’agit des effets de la marée noire qui a envahi les côtes.

Heureusement que j’ai prévu de rentrer après la soirée avec un ami en taxi, car il fallait connaître tous les raccourcis et dédales pour arriver à bon port surtout au niveau des ponts de Ghazir et de Maameltein. Il fallait passer par le Casino du Liban puis prendre une route parallèle à celle de la baie de Jounieh bouchée par des embouteillages, pour ensuite arriver près du 3e pont également pilonné sur une voie dont on pouvait voir les dégâts…

Ce jour-là, dans l’Orient le Jour, on évoquait qu’il avait plus de 80 ponts qui ont été détruits. La plupart seront reconstruits grâce à l’initiative privée. Seuls ceux de la plaine du Akkar n’ont pas eu pour le moment de bénévoles pour leur reconstruction. Qui va s’en occuper ? Autre affaire à suivre…

Friday, August 25, 2006

Le vendredi 25 août 2006

La chaleur se ressent même à la montagne. Que dire pour ceux qui vivent à Beyrouth surtout avec le rationnement de courant donc … pas d’air conditionné… ni même dans les voitures afin d’économiser l’essence qui frise la pénurie.

Spécialement qu’en ce moment on annonce avec pessimisme que la Syrie va bientôt fermer ses frontières avec le Liban pour riposter contre la présence de la Finul.
Drôle de démarche enfantine qui n’est d’ailleurs pas la première. Surtout lorsque les raisons ne sont pas suffisamment claires, convaincantes et productives. Ci-joint quelques textes pris des informations lues dans AFP et l’Orient le Jour.
« Le bureau syrien de la production et du transport d'électricité avait informé la société publique d'électricité libanaise, Electricité du Liban, qu'il "ne peut plus assurer l'approvisionnement" en raison de problèmes techniques. » Ah bon ? Lesquelles ?
« Dans le passé, Damas a souvent utilisé la fermeture de sa frontière pour régler ses contentieux avec le Liban qui en a fait l’expérience l’été dernier, après le retrait des forces syriennes du pays. Damas avait alors interdit son territoire aux camions venant du Liban, sous prétexte de formalités administratives. » Ce n’était pas le Liban qui en fut victime, mais tous les pays arabes et du Golfe et surtout indirectement la Syrie.

Sans prendre parti de quiconque, je me pose la question : Mis à part l’opinion des dirigeants politiques syriens, qu’en pense leur peuple de cette décision ?
Est-ce convaincant ?

Le jeudi 24 août 2006

Cette fois je descends à Beyrouth en plein jour entre le centre ville et Achrafieh. Chaleur humide culminant les 36 degrés. La vie a en quelque sorte repris avec l’animation effrénée des voitures et passants. Bien sûr, la vie continue malgré tout. Les horaires d’ouvertures des boutiques et commerces ont été prolongés par rapport aux jours critiques.
Sur la place du Parlement, une exposition photographique sur le thème des enfants victimes de la guerre et de ses atrocités, a été installée tout autour de l’Horloge el Abed, Personnellement, je trouve cela de mauvais goût sur une place publique où d’autres enfants pouvaient voir ces photos et les traumatiser. A la rigueur, cela pouvait être dans une salle fermée interdite au moins de 12 ans. Bref, j’espère que par ces images atroces, les personnes réfléchiront à ne pas faire ou vouloir la guerre voire encore à éviter d’avoir un sentiment de vengeance. Let’s wait and see…

En faisant une visite des lieux d’un appartement qui venait d’être rendu par son locataire quelques semaines plus tôt, je découvre au balcon de la cuisine un tract lancé par des OVNI (Objets Volants Nuisibles Israéliennes) concernant les avertissements aux habitants de Chiyah, Hayy el Sellom, Burg el Burajné. C’est la première fois que je vois cela en nature.

J’ai dû faire un tour à la Sûreté Générale pour effectuer quelques formalités. Le lieu grouillait de monde qui commençait à faire leurs passeports. Un peu plus loin, une longue file d’attente était postée devant l’entrée du Centre Culturel Français (CCF) pour les demandes de visas. Il parait que tout se fait sur rendez-vous et celui qui tient en avoir un maintenant, ce sera pour octobre. Et ainsi de suite. L’obtention des visas est devenu plus difficile surtout pour les célibataires.

Autant survivre ici et espérer un avenir optimiste pour notre pays…
D’ailleurs, je tiens à féliciter la Compagnie de Johnnie Walker qui a fait de superbes publicités concernant le contexte actuel et l’espoir de continuer à …marcher.
C’est grâce à ma cousine, que je remercie vivement, et qui me les a envoyé que je peux vous les montrer.

Malgré les ponts coupés et la pénurie d’essence…. Keep Walking !!!

Le mercredi 23 août 2006

Réveil matinal pour me diriger avec un de nos salariés vers Damas.
Oui vers… Damas !!!
Cela fait depuis le lundi 10 juillet qu’on ne l’avait pas fait. Soit 2 jours avant l’apocalypse. Par mon travail, j’y faisais régulièrement la navette afin de vérifier le déroulement de quelques commandes réalisées chez nos fournisseurs pour le compte de notre entreprise familiale.
J’appréhendais la route car je n’avais aucune idée visuelle de ce qui était arrivé dans cette région. Rien n’a véritablement changé mais la route de Tarchiche vers Chtaura était parsemée de quelques infimes traces de guerre comme : des éclats d’obus ayant labouré l’asphalte, un poids lourd calciné gisant au bord de la route, quelques habitations ou commerces dont les vitres sont brisées à cause des vibrations, etc.…
De Chtaura, on prend un taxi pour Damas. On était à bord d’une vieille Mercedes branlante sillonnant la route internationale régulièrement pilonnée dont on découvrait l’ampleur des dégâts : Diverses usines calcinées et détruites rappelant les ruines des la Seconde Guerre Mondiale que l’on voit en photos, des ponts dont je ne connaissais pas l’existence du fait qu’ils étaient confondus avec la route étaient totalement pulvérisés, des trous béants sur la route étaient entrain d’être colmatés…
Combien de temps faut-il pour reconstruire tout cela ?
Egalement, sur cette même route, étaient placardées sur les panneaux publicitaires des affiches rouges sur lesquelles on voyait une photo sous laquelle était écrite en anglais «The Divine Victory » ou en arabe « Al Nasr min Allah » (La Victoire venant de Dieu) jeu de mots subtils faits à partir du nom du Cheik Nasrallah.
On arrive au poste frontière de Masnaa, où il avait beaucoup de voitures et de monde. D’habitude la plupart des libanais traversent la frontière munis de leur carte d’identité, cette fois, la majorité d’entre aux avaient leurs passeports en main. Cela témoigne du fait qu’ils quitteront le pays par l’aéroport de Damas.
Les formalités entre les deux postes frontières se font sans encombre, comme cela se faisait auparavant. Au niveau du No man’s land, un énorme cratère commençait à être remblayé. De coté, gisait deux carcasses de véhicules non identifiés (automobile ou camion ?) broyés et calcinés.
On arrive à Damas sous un soleil de plomb et une chaleur avoisinant les 40 degrés. Rien ne me paraissait changé dans cette ville millénaire. Mais un détail flagrant se confirmait au fur et à mesure de mes tournées en voiture : C’était la profusion des images de Nasrallah et de Bachar côte à côte sur divers fonds de drapeaux, de guerre, de Mosquée de Jérusalem. Bref, une sorte de glorification de ces personnes qui n’ont peut-être plus la même vision commune des choses. Ces images sont déployées sur des devantures de boutiques, pare-brise arrière des taxis ou certaines voitures privées, sur des panneaux publicitaires. Il est vrai que tout le monde arabe veut s’approprier de cette « Victoire Divine » aux dos des martyrs libanais. Quelle salade politique immonde !!
Sur le chemin du retour, après avoir traversé la frontière syrienne, défilait devant nous des poids lourds de UNHCR (Nations Unies & Croix Rouge) en direction du Liban. Et au même moment, le taxi s’arrêtait devant un groupe de jeunes syriens membres des Nations Unies et de la Croix Rouge qui distribuaient gratuitement des bouteilles d’eau, de jus, de biscuits et de prospectus de prévention contre les restes de bombes ou munitions abandonnées. Après cela, on était soumis à un questionnaire dont je me souviens vaguement de quelques interrogations :
- Est-ce votre premier retour au Liban après la fin des hostilités ?
- Etiez-vous bien content de votre séjour en Syrie ?
- Envisageriez-vous de revenir en Syrie ?
- Où habitez-vous ? etc.…

Il est vrai que cette personne fait son travail. Mais je trouvait cela répugnant du fait que ce même gouvernement est en quelque sorte en partie responsable de ce qui s’est passé au Liban avec la non volonté de coopérer efficacement aux demandes libanaises concernant la nationalité des fermes de Chebaa, les contrebandes illicites, etc.…

Le fait d’avoir terminé mon travail à temps et être sur le chemin de retour vers 17h 30 me rassurait beaucoup plus qu’à l’aller avec l’angoisse de ne pouvoir rentrer ou être bloqué en Syrie.
De retour à Bhannes voir ma grand-mère qui m’attendait, je lui raconte tous les détails de ce voyage. Puis je termine ma soirée avec mon frère, ma sœur et son ami au Locanda Corsini. C’est un lieu agréable et pittoresque digne de la Toscane avec un dîner italien frais et exquis.
Comme si on avait voyagé pour quelques instants en Italie…

Tuesday, August 22, 2006

Le mardi 22 août 2006

Voilà plus d’un mois que j’écris mon blog. Je remercie ceux qui le lisent et s’enquièrent de nos nouvelles tout en m’encourageant à continuer à écrire. C’est devenu une nouvelle habitude de témoigner ce qui me retient le plus de la journée dans les circonstances que traverse ce pays. Je ne sais pas combien de temps je vais continuer à écrire. Qui vivra verra.
En récapitulant les différents emails reçus durant le blocus, j’ai retenu quelques images assez fortes résumant la situation du Liban. D’après une amie avocate, il est interdit de reproduire des images rappelant le drapeau d’un pays. Je ne me souviens pas de la raison exacte.


A mon avis par cette forte image, le Liban n’en peux plus de souffrir et de verser du sang. Le Liban veut vivre en paix comme le témoigne la blancheur du fond avec ce Cèdre vert plein d’espoir…
Malgré toutes les destructions, morts et incendies, le Liban renaît et renaîtra comme un Phénix.

Celle-ci est la plus cruelle et la plus vraie depuis l’Empire Ottoman. Mais avec ce qu’on vient de vivre récemment elle vient d’être renforcée. Il est impératif qu’une solution globale soit trouvée afin de redonner confiance aux libanais de vivre dans leur pays.

De plus en plus on nous confirme la participation de l’Italie à direction de la « Finul Plus » à la place de la France qui avait promis de le faire avant l’application de la résolution de l’ONU. Aurait-elle déjouée un piège tendu par les américains ou l’ONU pour se désiter à la dernière minute? Je n’en sais rien...
Si l’Italie s’en occupera, j’espère que je n’entendrais pas cette citation libanaise : El hakk 3al télién (qui veut dire en arabe « C'est la faute aux italiens »)
Wait and see…

Le lundi 21 août 2006

Descente à Beyrouth grouillant de voitures, de monde et de chaleur. Beyrouth comme on est habitué à la connaître. La vie a repris le dessus comme si rien ne s’était passé, du moins dans cette partie de la ville.
Toujours les mêmes questions concernant notre blocus passé et notre avis sur l’avenir. Le pessimisme a provisoirement pris le dessus de l’optimisme car de nombreuses personnes que je connais se sont décidées à trouver du travail à l’étranger soit pour refaire leur vie, soit pour attendre le provisoire. Quelques rares personnes commencent à rentrer au pays pour continuer leur travail.
Vraiment, on n’a aucune idée de notre avenir tant que notre pays sera le terrain favori de tous les conflits mondiaux. On a tellement comparé le Liban comme la Suisse du Moyen-Orient par son paysage et son système bancaire. Avec l’ampleur du béton un peu partout, le paysage urbain et naturel laisse à désirer, mais cela n’empêche pas le Liban d’être la Suisse du Moyen-Orient par sa … neutralité.
Oui, pourquoi pas ? Je sais bien que la neutralité c’est de l’égoïsme et que c’est une nature contraire au Liban. Mais cela ne vaut-il pas la peine d’essayer cette méthode pour vivre ce qu’il nous reste à vivre ? N’avons-nous pas assez soupé d’être entraîné à notre insu ou par quelques huberlulus dans des guerres sans but et sans fin ?

Ma grand-mère a été transférée dans un bâtiment contigu à l’hôpital dans lequel elle sera soumise à des exercices physio thérapeutiques avant de rentrer chez elle. Toujours dans un cadre verdoyant et dans le domaine de Bhannes, le bâtiment moderne et austère donne sur une vue sur la ville de Beyrouth noyée sous une fine couche de pollution.
Par hasard, je découvre que le centre hospitalier de Bhannes est doté d’un site web http://www.bhannes.com dans lequel on apprend qu’il a été fondé en 1908. Et, on y découvre des photos d’époque ainsi que les différentes ailes construites au fur et à mesure. On se croirait en Europe par le type de végétation, de bâtiments et de cadre. C’est un lieu qui nous permet d’oublier dans quel pays on se trouve du moins pour quelques heures…

Monday, August 21, 2006

Le dimanche 20 août 2006

Il s’agit du premier dimanche relativement normal après la 2e guerre. On espère que tout ira bien très bientôt malgré les rumeurs ou prédictions négatives avancées par des politiciens, journalistes, analystes, ou voyants optimistes ou encore… à la libanaise, l’ami intime de telle ou telle personne travaillant au sein d’une organisation telle… et ultra secrète. Bref, on est emporté par le néant…
C’est aussi le premier dimanche où véritablement tout le monde est aisément installé dans les restaurants. Les voitures stationnées à la queue leu leu aux bords des routes, les familles ou groupes d’amis réunis autour des tables avec les serviteurs si débordés. J’ai eu le plaisir de partager ce moment avec une mloukhié et une partie de ma famille avant de passer l’après-midi à Bhannes.

J’apprends par téléphone que la région de Dahieh est devenue une triste attraction des libanais curieux de voir les dégâts causés par les israéliens. La plupart des immeubles détruits étaient recouverts de bâches rouges sur lesquels étaient inscrits : Made in USA. Subtil mais vrai !!! Le quartier général était sous haute protection armée dont seuls les politiciens étaient autorisés à y pénétrer.
Ce quartier de Dahieh sera-t-il reconstruit ? Ou aménagé de jardins publics ? Ou encore les terrains seront-ils rendus à leurs véritables propriétaires lésés (depuis les années 70-80) telle que la municipalité de Beyrouth et les anciens particuliers ? Allons voir jusqu’où ira la Justice…s’il y en a…

C’est en assistant à un concert de musique classique sur la chaîne télévisée ARTE en direct de Grenade, joué par un orchestre composé de jeunes du monde entier, que je me demandais qu’est-ce qui pousse d’autres jeunes à vouloir tant aimer la guerre et les destructions avec la bénédiction de leurs écervelés chefs assoiffés d’idéologie, de vengeance et de haine ? L’homme a créé tous les éléments susceptibles de faire la guerre comme les armes, les frontières, les nationalités.…
Lorsqu’on voit que c’est également l’homme qui a créé la musique classique. Musique ayant par ses symphonies et mélodies une valeur transcendantale et universelle dépassant les frontières, les nationalités et les âmes. Je me demande comment va-t-on résoudre cette soif de guerre et de destructions ?
La musique adoucit les mœurs, dit-on.
Ou comme le dit Miguel de Cervantès dans Don Quichotte en 1605, « Là où est la musique, il n’y a pas de place pour le mal. »

Sunday, August 20, 2006

Le samedi 19 août 2006

Voilà plus de 2 semaines que je ne suis pas descendu à Beyrouth. Le faire un samedi après-midi en été, en temps normal, c’est comme descendre dans une ville fantôme. Mais vu les circonstances actuelles, c’était encore plus sinistre.
Sur mon chemin, il y avait des affiches publicitaires pleins d’espoirs. De manière plus matérielle que celle de la Banque Audi placardée quelques semaines plus tôt, la Fransabank et la Banque Al-Mawarid avaient à leur manière exprimé leurs slogans :
Pour la Fransabank, figurait en grand, le mot Damar (Destruction en arabe) qui avait sa première lettre raturée et remplacée par la lettre A pour donner le mot Aamar (Construction en arabe).
Tandis que pour la Banque Al-Mawarid, une liste de dates fatidiques libanaises (1978, 1982, 1989,…2006) était dressée et en dessous de laquelle était écrit, si ma mémoire est bonne : Il ne s’agit pas de reconstruire une seule fois mais plusieurs fois !!
Egalement, il y avait une annonce pour la tenue d’un marathon pour le Liban…
Beaucoup de projets et de promesses…
18 heures 30, Achrafieh était d’un silence inouï. Après deux visites de condoléances achevées, c’est avec trois amis que je prends un apéritif au roof de l’hôtel Albergo surplombant Beyrouth. A part deux serveurs, il n’y avait personne. Est-ce parce qu’il était encore tôt ? Je n’en sais rien.
Un tour à l’ABC, dix minutes avant la fermeture des boutiques à 20h, valait la peine. C’est à ce moment que je sentais la différence. Les boutiques commençaient à fermer leurs grilles, quelques clients intrépides se glissaient au Virgin (y compris moi) pour acheter des revues fraîchement arrivées au Liban, les lumières des grandes allées s’éteignaient au fur et à mesure en laissant une ambiance lugubrement tamisée, les promeneurs se dirigeaient soit vers les parkings soit … vers les salles de cinéma… Ambiance triste et surréaliste!!

Avec la violation flagrante de la trêve effectuée par des commandos israéliens à Baalbek, on se demande que va-t-on vivre dans les prochains jours ? Toujours dans le doute et le suspens…
En route de Beyrouth à Bhanes, il commençait à pleuvoir avec quelques brouillards. Etrange pour un mois d’août habituellement chaud.
Est-ce dû au hasard météorologique qui me dépasse? Ou à cause des conséquences de la 2e guerre avec l’émanation des gaz guerriers et toxiques (phosphore,…), de l’amiante des bâtiments écroulés et du pétrole sur les côtes libanaises?
Rien ne permet de l’affirmer. On verra bien d’ici quelques années … Qui vivra verra.